Sur fond de football et de coopération, un tournant discret mais historique s’est joué dans les coulisses diplomatiques de la capitale camerounaise. Ce 3 juin 2025, Samuel Eto’o Fils, président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) et membre du comité exécutif de la CAF, a été reçu par Jean-Marc Chataigner, Ambassadeur de l’Union européenne au Cameroun. Une rencontre symbolique et stratégique, dans le cadre de la mise en œuvre du partenariat officiel signé le 18 mai 2025 entre la Confédération Africaine de Football (CAF) et l’Union européenne (UE).
À première vue, il s’agit d’un partenariat sportif. En réalité, le champ d’action dépasse largement les terrains. Le texte signé entre le président de la CAF, Dr Patrice Motsepe, et le commissaire européen aux partenariats internationaux, Jozef Síkela, engage les deux parties sur plusieurs années, avec des objectifs précis : structurer les compétitions africaines majeures, soutenir la jeunesse, promouvoir l’inclusion sociale et renforcer les liens culturels entre l’Europe et l’Afrique.
Nous croyons au potentiel immense du sport , pour contribuer à des objectifs plus larges, l’éducation, la santé ,l’égalité des genres et la promotion de la place de la femme et des jeunes, la prévention des violences qui est un vecteur perturbant et grave.
explique Jean-Marc Chataigner, Ambassadeur de l’Union Européenne au Cameroun.
La Coupe d’Afrique des Nations TotalEnergies 2025 et 2027, la CAN féminine prévue en juillet 2025, ainsi que le Championnat africain de football scolaire figurent en tête des événements concernés par cet accord. Mais il ne s’agit pas simplement d’un appui logistique ou financier. L’Union Européenne souhaite accompagner une vision. Elle entend faire du football un instrument d’influence douce, de développement humain et de coopération durable. En mettant l’accent sur le développement du football féminin.
Le sport ne peut être un moteur de transformation sociale, que s’il est accessible à toutes et tous, sans distinction. Le football féminin mérite un soutient total à la hauteur de son potentiel. Les jeunes filles, camerounaises et africaines, comme partout ailleurs, doivent pouvoir rêver devenir les futures stars de demain. Promouvoir le football féminin pour nous, c’est promouvoir l’égalité.
affirme Marc Chataigner.
Au cœur de ce partenariat, le Championnat africain de football scolaire touche une corde sensible. À travers cette initiative, plus de 33 000 écoles sont ciblées à travers le continent. Ce n’est pas simplement un tournoi : c’est un outil éducatif, un vecteur d’égalité des chances, un espoir pour des milliers d’enfants souvent éloignés des circuits classiques de détection.
Nous sommes là pour construire les ponts, pas pour construire les murs. Nous sommes là pour faciliter les échanges, pour aider à la compréhension mutuelle des peuples.
renchérit l’Ambassadeur.
Le Cameroun ouvre la voie
Le choix du Cameroun comme pays pilote n’est pas anodin. Terre de football, le pays bénéficie d’une organisation déjà structurée. Samuel Eto’o, en tant qu’interlocuteur direct de l’UE et de la CAF, joue un rôle central dans le déploiement du programme. Face à l’Ambassadeur européen, il n’a pas dissimulé son engagement :
C’est un honneur pour notre pays de porter cette responsabilité continentale. La FECAFOOT est pleinement mobilisée. Cela se matérialise notamment à travers des innitiatives concrètes telles que : le programme de formation fifa-guardians, mis en œuvre dans le cadre des activités de la fédération. Tous les acteurs du football camerounais y ont été associés tant au niveau national que régional.
rassure le président de la FECAFOOT
L’institution renforce également son action en faveur d’un encadrement global et sécurisé des jeunes footballeurs camerounais. Les différents projets avec les partenaires, tels que, l’organisation internationale pour l’immigration, qui lutte contre la migration irrégulière des jeunes joueurs et le Fonds des Nations Unies pour la Population qui œuvre pour leur éducation, santé reproductive et leur épanouissement personnel.
Loin des clichés d’un football africain marginalisé ou folklorique, ce partenariat repose sur une lecture stratégique des enjeux. Le football est ici perçu comme une plateforme transversale, capable de fédérer autour de valeurs fortes : solidarité, inclusion, respect, développement durable. Il s’agit aussi de bâtir une diplomatie sportive à la mesure des enjeux contemporains. Le sport, bien encadré, peut contribuer à renforcer la cohésion sociale, stimuler l’économie locale et offrir des perspectives concrètes à une jeunesse souvent désorientée.
Ce n’est donc plus seulement une histoire de buts ou de trophées. C’est une affaire d’avenir, de coopération et d’ambition partagée. L’Europe et l’Afrique, désormais unies autour du même ballon, ont décidé de jouer ensemble le match du développement. Et cette fois, tout le monde peut marquer. La pluie s’est invitée à la rencontre, comme pour sceller sous de bons auspices ce partenariat prometteur entre l’Union européenne et la Fecafoot. Un début arrosé qui, dit-on, annonce souvent une collaboration fructueuse.


