À l’occasion de la 30ᵉ édition de la Course de l’Espoir qui s’est déroulée ce samedi 22 février 2025, l’athlète-marathonienne a montré au monde entier qu’elle demeure la reine du « char des dieux », l’une des appellations du Mont Cameroun. Sarah Etongue, la soixantaine bientôt franchie, a dominé la catégorie des vétérans avec une facilité déconcertante. Absente lors des précédentes éditions, elle signe un retour gagnant.
Sarah Leingu Etongue est née en 1967 à Buea, dans le Sud-Ouest du Cameroun. Très tôt, elle abandonne l’école faute de moyens pour financer ses études. Elle se marie très jeune et donne naissance à son premier enfant à l’âge de 14 ans.
Elle participe pour la première fois à la course de l’Espoir à l’âge de 27 ans. En 1996, elle enregistre sa première victoire à cette compétition, dans la catégorie sénior Dames, et empoche 1,5 million de F cfa. Elle classe trois victoires consécutives entre 1996 et 1999, ce qui lui a valu le titre de « Reine de la Montagne ». Sarah Etongue maîtrise cette montagne, de 4 100 m comme sa poche. « Même si je ne suis pas allée à l’école, Dieu m’a fait utiliser mon talent d’athlète pour réussir dans la vie », affirme-t-elle souvent.
Résilience
Fille des montagnes, indétrônable coureuse, Sarah a toujours su faire face aux aléas de la vie, sans désespérer. « Après la mort de mon mari, mes enfants et moi avons enduré le rejet et la pauvreté. Je me suis adonné à l’agriculture pour subvenir aux besoins de ses sept enfants. Je me suis ensuite inscrit comme athlète à la Course de l’Espoir du Mont Cameroun… lorsque je me suis inscrite, j’étais déterminée à y arriver un jour parce que j’avais besoin d’argent pour prendre soin de mes enfants », avait-elle raconté à la presse.
En 1995, l’ascension du Mont Cameroun se modernise et prend le nom de course de l’espoir. Cette compétition, unique en son genre a connu depuis sa création plus d’une vingtaine de vainqueurs nationaux et étrangers. Aujourd’hui, Sarah est un monument vivant dans son pays le Cameroun.
Monument
En effet, l’infatigable coureuse a été honorée le 29 Septembre 2023 dans la ville de Douala à travers un monument construit à sa gloire. Plus précisément dans l’arrondissement de Douala 5eme, au lieu-dit sable. La native du Sud-Ouest compte à son actif huit titres de vainqueur, dont deux séries successives : 1996, 1997, 1998,1999, et par la suite 2001, 2003, 2005 (en catégorie sénior) et nouvellement, le titre en catégorie vétéran, en 2025.
Son pays n’est pas resté indifférent face à ses prouesses. L’Etat Camerounais lui a fait construire une villa en 2014. La quinquagénaire avait alors été honorée lors d’une cérémonie émouvante présidée par Adoum Garoua, ancien ministre des Sports et de l’éducation physique du Cameroun, en présence des chefs traditionnels de la région du Sud-ouest, venus bénir et inaugurer une villa construite en deux semaines et dont les clés avaient été remises à l’icône nationale de l’ascension du mont Cameroun.
A ce jour, aucun autre athlète n’a atteint ces records dans l’histoire de l’ascension du Mont Cameroun. En 2008, la première Dame du Cameroun, Chantal Biya l’a honoré en tant que l’une des camerounaises ayant accompli de grands exploits dans le domaine sportif.
Depuis mars 2005, Sarah Etonge est honorée du titre de « Docteur des montagnes » par le président de l’Université de l’Université de Buea. En 2006, une statue est érigée en son honneur. Ce n’est que la deuxième que compte la ville de Buea après celle d’Otto Von Bismarck.


