Le numéro 11 lui va si bien. Légende de Chelsea, de Marseille et de la sélection ivoirienne avec ce dossard, Didier Drogba est aussi né un… 11 mars, comme si c’était écrit. Depuis la fin de sa carrière de footballeur, l’ivoirien continue d’œuvrer dans le milieu du sport, en tant que vice-président de la commission des acteurs du football au sein de la FIFA. Il est aussi ambassadeur de l’Organisation mondiale de la santé pour le sport et la santé, et intervient en tant que consultant pour Canal+ lors de soirées européennes.
Certes, Drogba n’a jamais réussi à remporter la Coupe d’Afrique des nations de football, qui s’est refusée à lui lors de deux finales perdues en 2006 et 2012. Mais, il a chaque fois sauté comme un gamin lors des deux sacres des Éléphants en 2015 et 2023. L’on retient aussi que personne ne pourra enlever au bonhomme d’avoir disputé la première Coupe du monde de l’histoire de son pays, et d’être devenu par ricochet le premier joueur à marquer en faveur de la Côte d’Ivoire dans un Mondial. C’était en 2006 en Allemagne.
Prendre le micro et implorer son président de la République et ses compatriotes de mettre un terme à une guerre civile, en direct à la télévision ? Il faut quelqu’un de bien spécial, comme Didier Drogba pour le faire. Oui, c’est un héros national ! Et l’on comprend pourquoi il est si admiré, tant dans son pays que sur le continent africain. Pour la petite histoire, après que la Côte d’Ivoire se soit qualifiée pour la Coupe du monde de la FIFA 2006, en octobre 2005, au beau milieu d’une guerre civile qui enflammait le pays depuis trois ans, Drogba a rassemblé ses coéquipiers avant de fixer la caméra.
Aujourd’hui, on vous le demande. S’il vous plaît. On se met à genoux. Pardonnez. Pardonnez. Pardonnez. Déposez toutes les armes. Organisez des élections. Et tout ira mieux ». Puis, son fameux sourire a illuminé son visage. Il s’est mis à chanter : « On veut s’amuser. Arrêtez vos fusils, là, hé ! ».
C’est comme si Drogba avait jeté un baume sur le cœur des ivoiriens. Pendant quelques semaines, les Ivoiriens ont décidé de désarmer leurs cœurs pour pouvoir s’engager dans le processus de paix. L’artificier ivoirien venait ainsi de remporter sa plus belle victoire. Ce n’était pas la première fois que le grand Abidjanais prônait le désarmement et la paix, lui qui avait déjà fait des démarches en ce sens dès 2002, alors qu’il n’avait que 24 ans.
Une retraite méritée
Didier Drogba, considéré comme l’un des meilleurs footballeurs africains de l’histoire, a disputé son dernier match devant les 5.300 spectateurs du Dr. Mark & Cindy Lynn Stadium à Louisville (Kentucky). Il défendait depuis 2017 les couleurs de Phoenix, club dont il est actionnaire, après une saison et demie passée dans l’élite nord-américaine, la MLS, avec Montréal (2015-16). Il a fini la dernière saison de sa carrière avec sept buts en treize matches, dont trois en quatre rencontres des play-offs.

S’il est un joueur qui a su électriser les supporteurs des clubs dans lesquels il a évolué, sans compter bien sûr ceux des Éléphants de Côte d’Ivoire, c’est bien Didier Drogba. Sa carrière a été un long cheminement où, patiemment et souvent de manière assez inattendue, il a escaladé les paliers les uns après les autres pour atteindre le sommet. Et quel sommet ! En vingt ans de carrière, il a marqué le monde du ballon rond par sa classe et son charisme. Il restera comme l’un des meilleurs attaquants du football africain et mondial.
Aujourd’hui, l’ancien Guingampais vit une retraite active : consultant de prestige, homme d’affaires, animateur et acteur engagé dans le social avec sa fondation. Mais, Didier Drogba avait un autre objectif en raccrochant les crampons : devenir le président de la Fédération ivoirienne de football, dans le but de dépoussiérer un football national qui peine à décoller. Son rêve a très vite été brisé. Malgré son aura immense, il avait même été éliminé dès le premier tour. Car, au grand regret de la star, le collège électoral n’était pas composé de supporters du ballon rond, mais de présidents de clubs des trois premières divisions ivoiriennes, qui lui reprochaient de ne pas avoir été assez présent ces dernières années pour bien comprendre leurs réalités. C’est finalement Yacine Idriss Diallo, présent dans le football local depuis près de 40 ans, qui avait remporté l’élection.
Mais, celui qui n’a jamais remporté la CAN comme joueur, et n’a pas pu l’organiser comme président de fédération, n’est pas aussi maudit que cela. Car, lorsque les Éléphants étaient sur le point d’être éliminés, en phase de poules de la CAN 2023, des milliers de fans ont demandé la démission de l’actuel président de la fédération. Un seul nom circulait alors sur les réseaux pour le remplacer : Didier Drogba, évidemment. Du côté des sportifs ivoiriens, il est un modèle pour tous, des stars du taekwondo – deuxième sport national – aux joueurs de la sélection de football. Didier Drogba est par exemple l’idole de la taekwondoïste Ruth Gbagbi, double médaillée de bronze aux Jeux Olympiques.
Une success-story qui n’en finit pas !
Six ans après sa retraite sportive, Didier Drogba n’a pas été oublié par les Ivoiriens. Le capitaine emblématique des Éléphants reste un mythe aux yeux de tous. Une figure d’engagement, d’abnégation et de paix qui rayonne partout en Côte d’Ivoire, à commencer dans son quartier natal de Yopougon. Le parcours de Didier Drogba participe beaucoup à son aura. Car, si la popularité de Drogba est aussi forte, c’est sans doute parce qu’il ne s’est pas contenté de ses performances sur le terrain. Il a utilisé son statut d’icône du football à de multiples reprises pour appeler à la paix civile dans son pays et mettre en route des initiatives philanthropiques.
Didier Drogba crée sa fondation en 2007, et compte mettre sa popularité au service de l’éducation, de la santé, de la femme et de la jeunesse ivoirienne et africaine. Dès lors, de nombreux projets pour le développement humain voient le jour : construction d’un centre de santé, d’écoles, mise en place d’une clinique mobile pour le dépistage de pathologies cardiovasculaires. Copropriétaire du club Phoenix Rising aux États-Unis, Didier Drogba souhaite s’impliquer davantage dans la vie sportive, aider la jeunesse sportive et travailler à l’ascension du football ivoirien. Ceci, en s’appuyant sur son matelas financier estimé à environ 90 millions d’euros. Il est le deuxième joueur africain le plus riche derrière Samuel Eto’o, selon L’Internaute.com.
Un parcours exceptionnel et inspirant
Didier Drogba a étoffé son palmarès lors de son passage remarqué à Chelsea, où il remporte tout ce qu’il pouvait remporter au niveau collectif. L’Ivoirien gagne la Ligue des champions en 2012 et est l’homme du match. Car, il permet à son équipe d’égaliser dans les dernières minutes de la rencontre avant d’inscrire le pénalty décisif dans la séance de tirs aux buts.

Mais, son club, l’attaquant des Blues remporte également quatre titres de champion d’Angleterre et autant de Coupes d’Angleterre, ainsi que trois Coupes de la ligue anglaise. Toujours avec les Blues, Didier Drogba soulève à deux reprises le Community Shield. Après son brillant passage à Chelsea, l’avant-centre rejoint Galatasaray, en Turquie, et réalise le doublé championnat et Supercoupe de Turquie en 2013. Il remporte, l’année suivante, la Coupe de Turquie. Son passage aux Rising de Phoenix est ponctué par le gain de la Conférence ouest de l’USL, en deuxième division américaine.
En sélection, Didier Drogba n’a rien gagné et ces deux finales perdues en Coupe d’Afrique des nations en 2006 et 2012 lui ont certainement laissé un goût amer. Individuellement, l’ancien Marseillais a reçu beaucoup de distinctions. Son meilleur classement au Ballon d’Or France Football remonte à 2007, quand il finit quatrième. Il est élu à deux reprises joueur africain de l’année. En 2015, il est élu meilleur joueur de l’histoire de Chelsea. Par ailleurs, il finit deux fois meilleur buteur du championnat de Premier League en 2007 et en 2010, et meilleur joueur de Ligue 1 en 2004.
La biographie de Didier Drogba indique qu’en novembre 2007, le documentaire « L’Incroyable destin », réalisé par Cédric Degruson, est édité en DVD et vendu avec un numéro de L’Équipe magazine consacré à Didier Drogba. Son autobiographie, intitulée « C’était pas gagné », est écrite en collaboration avec Hervé Penot, journaliste sportif à l’Equipe. Le livre paraît aux Éditions Prolongations en 2008 et est édité en langue anglaise quelques mois plus tard. En 2012, paraît « De Tito à Drogba », un album de bande dessinée de Gabin Bao et Pierre Sauvalle retraçant la carrière du joueur. Une star en Afrique, un Dieu vivant en Côte d’Ivoire.