« C’est facile de tout casser et de détruire, les héros sont ceux qui font la paix et qui construisent ». Ces quelques mots de Nelson Mandela décrivent assez bien l’impact qu’a eu Mohamad Gammoudi dans l’athlétisme en Tunisie et en Afrique. Son armoire à trophées chargée de ses quatre médailles olympiques en témoigne. L’or, l’argent et le bronze… Mohammed Gammoudi a tout glané. A ce jour, il est le sportif tunisien le plus capé de l’histoire des Jeux olympiques. Jusqu’à Oussama Mellouli en 2008, Mohamad Gammoudi était le seul champion olympique tunisien. Titre remporté au 5000 mètres en 1968.
Militaire de carrière, Gammoudi était loin de se douter que son destin allait basculer en 1961. Cette année-là, l’homme a commencé à écrire sa légende en remportant le cross de l’armée. Le coureur est encouragé par Hassine Hamouda, son commandant et entraîneur. Il se spécialise alors dans le 5 000 mètres. Il capitalise la confiance que lui accorde Hassine lors des Jeux de l’Amitié à Dakar en 1963. Le fils de Sidi Aïch s’adjuge l’or dans la compétition. Dans la foulée, il brille aux Jeux méditerranéens de Naples. Mohamad Gammoudi domine les 5 000 et 10 000 mètres.

Des rues de Sidi Aïch au sommet de l’olympe
Malgré ses exploits sur la scène nationale et continentale, Mohamad reste inconnu des pistes du monde. C’était le cas lors des Jeux Olympiques de Tokyo en 1964. Gammoudi a fait sensation face à ses pairs. Il a terminé sur la deuxième marche du podium, derrière l’Américain Billy Mills en finale du 10 000 mètres. Cette performance a permis d’offrir à la Tunisie sa première médaille olympique : l’argent. Pour la finale du 5 000 mètres, il se qualifie mais y renonce inexplicablement, selon les médias locaux.
Après ce premier coup d’éclat sur les pistes de Tokyo, Gammoudi a continué son ascension vers les sommets. Il a notamment défendu avec succès ses titres aux Jeux méditerranéens de 1967 à Tunis. C’est donc avec le statut de favoris que l’athlète s’envole pour Mexico (Jeux olympiques de 1968). Un statut amplement mérité puisque l’homme termine troisième derrière Mamo Wolde et Naftali Temu à la finale du 10000 mètres. Deux jours plus tard, il devance deux athlètes kényans et remporte la médaille d’or du 5 000 mètres. Le sportif est accueilli en héros de retour à Tunis et est promu lieutenant par le président Habib Bourguiba.

De la reconnaissance au-delà des pistes
En 1971, la courbe de la carrière du sprinteur pointe déjà vers le bas. Malgré une deuxième place aux Jeux méditerranéens d’Izmir, il chute dans la finale du 10000 mètres, suite à un incident avec le Finlandais Lasse Virén. Ses efforts pour rattraper son retard restent vains. Le Tunisien abandonne. Au 5 000 mètres, il termine ensuite deuxième, battu de justesse par Virén. En raison du boycottage des pays africains, il ne participe pas aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976.
Né le 3 avril 1938 à Sidi Aïch, « l’homme aux semelles de vent » a également remporté de nombreux championnats du Maghreb (11) et de Tunisie (18) en cross-country sur des distances comprises entre 1 500 et 10 000 mètres. Le coureur a été promu officier après avoir quitté la compétition active. Par la suite, il a servi comme consultant technique et découvreur de talents pour l’Union nationale tunisienne d’athlétisme. Sur les pistes comme en dehors, Gammoudi ne cesse de porter haut le drapeau de la Tunisie.