À 41 ans, Kirsty Coventry souhaite entrer dans l’histoire en devenant la première femme et la première Africaine à la tête du Comité International Olympique (CIO). Ancienne nageuse de légende et athlète la plus médaillée d’Afrique aux Jeux olympiques, la Zimbabwéenne a ensuite embrassé une carrière politique, occupant depuis 2018 le poste de ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et des Loisirs dans son pays.
Kirsty Coventry, c‘est l’histoire d’une femme née pour briller. Elle voit le jour le 16 septembre 1983 à Harare, au Zimbabwe. Ses parents dirigent une entreprise de chimie industrielle et de produits ménagers près de la capitale. Kirsty baigne dans un environnement de natation (c’est le cas de le dire !) avec un grand-père président d’une association de natation, des parents ayant pratiqué cette discipline et un oncle ayant représenté le Zimbabwe en compétition.
Kirsty Coventry découvre très tôt l’environnement des sports aquatiques et apprend même à nager dès 1 an et demi. Mondiaux de natation, Jeux africains, Jeux du Commonwealth et surtout Jeux Olympiques, entre 1990 et 2016 la nageuse rafle un nombre incroyable de médailles et se voit à vingt-cinq reprises décorée d’or au long de sa carrière. En 2012, Kirsty Coventry devient membre du Comité International Olympique après avoir été élue par ses pairs. Puis elle devient ministre des Sports du Zimbabwe en 2018. Elle dirige actuellement la commission de coordination du CIO des Jeux Olympiques de la Jeunesse qui se dérouleront à Dakar en 2026.

Maternité et leadership
Interrogée sur sa vie de mère et la difficulté de concilier responsabilités professionnelles et familiales, Coventry a livré une réponse inspirante. « Oui, j’ai une jeune famille, comme d’autres candidates, mais quand j’ai eu mon premier bébé – elle aura six ans en mai – quand je dirigeais la commission des athlètes, j’ai été nommée ministre, je dirigeais ma fondation et de nombreuses autres choses. Et avant qu’elle ait un an, elle avait visité dix pays différents à travers le monde. » Elle met en avant le rôle crucial du soutien familial et prône un modèle où les femmes n’ont pas à choisir entre carrière et maternité.« C’est un mode de vie normal pour nous et je pense que c’est une bonne façon de montrer que les femmes sont tout aussi capables que les hommes, même si l’on attend de nous que nous soyons des mères, des épouses, des filles, etc. à plein temps. »
Le CIO et l’égalité des sexes
Malgré des avancées majeures, notamment une parité historique aux JO de Paris 2024, Kirsty Coventry reconnaît que le sport mondial reste encore dominé par les hommes. « Le mouvement olympique a fait un travail incroyable ces dernières années, et nous sommes maintenant à 42 % de femmes au sein du CIO. Mais si l’on regarde les Fédérations internationales, ce pourcentage chute considérablement. Idem pour les Comités nationaux olympiques et les Fédérations nationales. Il y a encore beaucoup de travail à faire. Sa candidature s’inscrit donc dans une volonté de bousculer les codes et d’accélérer la féminisation des instances sportives mondiales. « Je vois cela comme une opportunité de repousser les limites, afin que lorsque mes deux filles grandiront, elles n’aient pas à affronter les mêmes obstacles que nous aujourd’hui. »
Les stéréotypes médiatiques
La question de la représentation des athlètes féminines dans les médias est un autre combat qu’elle souhaite mener. Pour Coventry, il est urgent d’augmenter le nombre de femmes journalistes et de garantir une couverture plus juste et équilibrée du sport féminin. « Nous devons nous assurer que nous intégrons vraiment délibérément cela dans les structures médiatiques du CIO. Si nous pouvons faire cela, nous réduirons naturellement les stéréotypes et les commentaires sexistes. » Elle appelle également les médias à s’attaquer aux biais qui influencent la manière dont les sportives sont perçues et présentées.
Sport et inclusion
Alors que la question de la participation des athlètes transgenres divise le monde du sport, Coventry adopte une position mesurée, tout en insistant sur la nécessité de protéger les compétitions féminines. « Nous devons protéger la catégorie féminine. Pour y parvenir, je propose que toutes les Fédérations internationales travaillent ensemble à l’élaboration d’un cadre clair. » Elle prône ainsi une approche concertée, basée sur le dialogue et la recherche de solutions adaptées à chaque discipline.
Vers une révolution au CIO ?
Avec son expérience de sportive, de dirigeante et de femme politique, Kirsty Coventry incarne un changement potentiel majeur pour le CIO. Si elle était élue, elle deviendrait une pionnière, ouvrant la voie à une gouvernance plus diverse et plus inclusive du sport mondial. Mais dans une élection où elle est la seule femme face à six hommes, le chemin est encore semé d’embûches. Réussira-t-elle à convaincre les électeurs du CIO de briser le plafond de verre ? Réponse le 20 mars prochain, date retenue pour les élections qui auront lieu lors de la 144e Session du CIO en Grèce.


