Un parfum de scandale se fait sentir dans les hautes sphères du football africain. Le Secrétaire général de la Caf fait l’objet d’une enquête de la justice suisse pour des faits présumés de malversations financières. L’enquête visant Véron Mosengo-Omba, qui a la double nationalité congolaise et suisse, a été ouverte dans le canton de Fribourg, en Suisse.
Dans un communiqué publié sur le réseau social X, il se défend en assurant que les virements bancaires visés par l’enquête sont « légitimes et traçables », qu’ils « ont été effectués en toute transparence » et qu’ils correspondent à des « salaires et bonus » qu’il a reçu de la Caf depuis qu’il occupe le poste de secrétaire général.
Le nom de Véron Mosengo-Omba, présenté par les médias helvétiques comme un proche de Gianni Infantino, le président de la FIFA, a été divulgué mercredi 2 octobre par le média d’investigation Gotham City. Le site spécialisé dans les délits financiers et la criminalité économique s’appuie sur une décision du Tribunal pénal fédéral rendue le 13 septembre. L’identité de la personne incriminée n’y apparaît pas mais elle est désignée comme secrétaire général d’une organisation ayant son siège au Caire en Égypte.
D’après cette décision de justice, que le secrétaire général de la CAF a tweetée tôt jeudi dernier, le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent a contacté les procureurs de Fribourg en février dernier pour leur signaler que le secrétaire général a « à plusieurs reprises obtenu des bonus bien plus élevés que le maximum fixé dans son contrat de travail (…) et reçu l’entièreté de ces bonifications et salaires sur une variété de comptes suisses », mais aussi « un mécanisme de transferts entre comptes personnels et des sorties de fonds sous forme de retraits en espèces ».
Tout démarre par une déclaration de soupçon adressée par une banque au Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS). Le TPF précise ainsi l’alerte émise par le MROS:
L’analyse des transactions effectuées sur la relation d’affaires annoncée et certaines de ses contreparties nous ont permis de mettre en évidence que Veron Mosengo-Omba avait à plusieurs reprises obtenu des bonus bien plus élevés que le maximum fixé dans son contrat de travail à la Caf et reçu l’entièreté de ces bonifications et salaires sur une variété de comptes suisses». Le MROS précise encore que «nous avons pu à plusieurs occasions relever un mécanisme de transferts entre comptes personnels et des sorties de fonds sous forme de retraits en espèces, entravant toute possibilité de retracer l’utilisation desdits fonds».
Protégé de Gianni Infantino
A en croire le journal Le Temps, l’ampleur de l’affaire, confiée au parquet de Fribourg, dépasse largement les frontières helvétiques de par le profil et le poste de Véron Mosengo-Omba, naturalisé suisse. Il est depuis dans les petits papiers d’un certain Gianni Infantino, président de la FIFA. Pour comprendre les liens étroits que les deux hommes entretiennent, il faut remonter dans le temps. En 1980, Véron Mosengo-Omba fuit le Congo et la dictature de Mobutu pour la Suisse. Il passe par l’équipe réserve de Xamax à Neuchâtel, suit des études de droit à l’Université de Fribourg, où il fait la connaissance de l’actuel patron du football mondial. Les deux futurs dirigeants finissent de parfaire leur cursus au Centre international d’étude du sport à Neuchâtel.
Une fois Infantino devenu président de la Fifa, en 2026, son ami le suit à Zurich. Il est d’abord nommé directeur des associations membres pour l’Afrique (un poste qu’occupe aujourd’hui un autre Suisse Gelson Fernandes) puis chef de toutes les associations membres de la FIFA. En mars 2016, peu après l’élection à la présidence de la CAF du Sud-Africain Patrice Motsepe, pour lequel Gianni Infantino a mené une campagne intense sur le terrain, Véron Mosengo-Omba est nommé secrétaire général de l’instance du football africain basée au Caire.»
Gotham City mentionne encore le fait que le secrétaire général de la CAF est visé par d’autres accusations, relayées par Sports-team (voici le rapport de la Commission d’audit et de conformité qui épingle le Secrétaire général de la CAF) pointant des problèmes de gouvernance au sein de l’instance basée au Caire. Une commission d’audit interne a été jusqu’à demander la suspension du Congolo-suisse à fin septembre, cette dernière ayant constaté des irrégularités dans le recrutement d’une consultante externe et des tentatives d’influencer son travail.
Cette même commission aurait encore « désapprouvé les états financiers de la CAF arrêtés au 30 juin 2023 et le rapport de l’auditeur externe, invoquant l’existence d’une enquête sur de possibles dysfonctionnements concernant les subventions de la FIFA », précise encore Gotham City.