Quel destin que celui de Kipchoge Keino, comme on l’appelle affectueusement dans le monde sportif ! Un coureur qui a écrit l’une des plus belles pages du sport de son pays. Des Jeux olympiques aux Championnats du monde, en passant par les compétitions continentales, le coureur kényan Kipchoge Keino a inscrit son nom au panthéon de l’athlétisme.
Depuis 2020, un meeting international d’athlétisme a été créé et baptisé du nom de cette légende de la discipline : ‘’l’Absa Kip Keino Classic Continental Tour’’. La dernière édition de cette compétition qui constitue l’une des étapes du World Athletics Continental Tour s’est déroulée le 20 avril 2024 au stade national Nyayo de Nairobi.
L’histoire derrière l’héritage de ce multiple médaillé olympique commence en 1958. Kipchoge Keino trouve refuge dans la police à Kijango où un inspecteur chef, Mickaël Wade, l’entraîne à son sport favori et lui prodigue des conseils. À 19 ans, il court un mile (1 609 mètres) en 4’38 et, trois ans plus tard, le 3 miles en 13’46. Sélectionné pour les Jeux du Commonwealth de Perth, il termine onzième.
L’indépendance du Kenya en 1963 lui ouvre les pistes de l’athlétisme international. L’ancien champion olympique américain Mel Whitfield l’initie aux méthodes modernes de préparation, et Keino participe aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964 (cinquième sur 5 000 m et demi-finaliste sur 1 500 m).
l’athlète ne s’arrête pas en si bon chemin. Il débarque en Europe en 1965 et se confronte aux meilleurs du monde. Après ses victoires sur l’Australien Ron Clarke et le Français Michel Jazy, il bat deux records du monde : le 3 000 m en 7’39’’6, le 5 000 m en 13’24’’22, une grande première pour un Africain. En 1968 à Mexico, au Mexique, il bat le record olympique du 1500 m.

En 1964, il est finaliste aux Jeux olympiques de Tokyo. Quatre ans plus tard, en 1968, il remporte l’or au 1500 m et l’argent au 5000 m à Mexico. En 1972, il glane la médaille d’or au 3000 m et la médaille d’argent au 1500 m à Munich en 1972. Aux Jeux du Commonwealth (Jamaïque 1966), Kipchoge Keino arrache la médaille d’or au 1000 et au 3000 m. En 1970, en Ecosse, il monte sur la première marche du podium au 1500 m et se contente de la médaille de bronze au 5000 m.
Le potentiel athlétique du Kényan lui permet de s’imposer à la fois sur la scène mondiale que sur la scène continentale. Lors des Jeux africains de Brazzaville, au Congo en 1965, il a dominé la compétition en remportant l’or aux 1500 et 5000 m et la médaille d’argent au 1500 m à Lagos (Nigéria, 1973). Après cette victoire à Lagos, le champion s’expatrie aux États-Unis, où il devient professionnel et s’engage, pour 25 000 dollars, avec l’International Track Association. Il met un terme à sa carrière d’athlète en 1975 et rentre au pays.
Administration du sport
Au cours de sa longue carrière sur les pistes du monde, Kipchoge Keino a accumulé une expérience qu’il a voulu partager avec la jeune génération. Né le 17 janvier 1940, le coureur s’est tourné vers l’encadrement des athlètes après sa retraite internationale. Il a occupé le bord de la piste kényane lors des Jeux olympiques de Montréal en 1976 et de Los Angeles en 1984.
Le natif de Kipsamo a également été entraîneur en chef de l’équipe du Kenya aux Jeux du Commonwealth à Brisbane (1982), aux Jeux africains à Nairobi (1987), aux Championnats du monde à Rome (1987). Sa riche carrière dans le monde du sport et de l’athlétisme en particulier lui a valu la casquette de chef de mission aux Jeux du Commonwealth en 1994 et aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996. En 1986, Kipchoge Keino a entamé sa carrière au Comité national olympique comme membre. Son dynamisme et son amour pour le sport l’ont porté au poste de premier vice-président en 1987, puis de président en 1999. Poste qu’occupait jusque-là son compatriote Charles Mukora.
De la course à pied au football
Malgré ses responsabilités dans l’administration du sport, Keino ne tourne pas complètement le dos à la course. Il prend part à de nombreux meetings, pour le plaisir certes, mais aussi pour récolter les fonds nécessaires à ses projets. C’est dans cette optique qu’il court son premier marathon à Londres, en avril 2002, à l’âge de 62 ans.
Docteur honoris causa de l’université d’Egerton (au Kenya) et médaillé de l’Ordre olympique, en juin 2004, la légende kényane répond favorablement à une sollicitation de la Fifa et accepte de diriger le comité provisoire de gestion de la Fédération kényane de football. Objectif : qualifier la sélection kényane pour le Mondial 2006. De la course à pied au football, Kipchoge Keino a inscrit son nom en lettre d’or dans l’histoire du sport.