L’AMA a exprimé sa « préoccupation profonde » après l’annonce de l’arrestation en Tunisie du chef de l’Agence nationale antidopage. L’institution a immédiatement réclamé sa « libération inconditionnelle ». En effet, le président de la Fédération tunisienne de natation (FTN), le Directeur général de l’Agence nationale antidopage (ANAD) et sept autres personnes récemment destituées par le ministère de la jeunesse et des sports ont été arrêté.
Les neuf hommes sont accusés de « complot contre la sûreté intérieure de l’Etat », d’« attentat visant à modifier la forme du gouvernement », d’« incitation à s’armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien » et d’« atteinte publique au drapeau tunisien », a précisé Mohamed Sadok Jouini, porte-parole du tribunal de Ben Arous, dans une déclaration au Monde. Ils encourent la peine de mort.
La pomme de discorde
L’origine de cette affaire remonte au 30 avril 2024, lorsque l’Agence mondiale antidopage (AMA) a rendu une décision de non-conformité « définitive » et « avec effet immédiat » à l’encontre de la Tunisie suite à « son incapacité à intégrer pleinement la version 2021 du Code mondial antidopage dans son système juridique ».
Malgré un avertissement en novembre 2023, le pays n’a pas mis à jour sa législation dans les quatre mois impartis. Parmi les sanctions prises, la Tunisie est désormais interdite d’organiser des événements sportifs majeurs et son drapeau ne sera pas hissé lors des événements sportifs internationaux jusqu’à réintégration de l’ANAD, y compris lors des Jeux olympiques et paralympiques qui se tiendront à Paris 2024.
Cette décision a suscité une vive polémique lorsque Habiba Belghith, médaillée de bronze du 100 mètres brasse aux championnats d’Afrique de natation en Angola, a été décorée sans que l’étendard soit hissé lors de la cérémonie. L’image a provoqué une vague d’indignation parmi les internautes et les médias tunisiens. « Belghith médaillée la tête basse », a titré Mosaïque FM, l’une des principales radios du pays.
Des sanctions
L’affaire a pris une nouvelle tournure lors des Tunisian Open Masters, après que le drapeau qui ornait un des murs de la piscine olympique de Radès, dans la banlieue sud de Tunis, a été dissimulé. C’était le 9 mai 2024. L’image relayée sur les réseaux sociaux a provoqué un véritable tollé. Le président Kaïs Saïed, a exigé que les responsables de ce « crime odieux » contre la Tunisie, assument leur responsabilité pénale, apprend-t-on du journal Le Monde.
Suite à cet incident, le ministère en charge des sports a annoncé, sur « instructions » du président, la dissolution de la Fédération tunisienne de natation ainsi que le limogeage du Directeur général de l’ANAD et du représentant du ministère dans le gouvernorat de Ben Arous, où s’est tenu l’événement sportif qui a provoqué la polémique. Les poursuites pénales ont été engagées dans la foulée.