A votre avis la Côte d’ivoire pourrait-elle relever le défi de l’organisation de cette 34e édition de la CAN qui est prévue pour commencer le 13 janvier 2024 ?
Oui ! Bien que ce ne sera pas facile parce que la dernière édition au Cameroun était vraiment très jolie, très bien organisée, tout a marché presque à la perfection, on a vu des stades merveilleux. Je crois quand même qu’au vu des moyens humains et financiers déployés, la Côte d’Ivoire s’est bien préparée pour la CAN, afin d’être à la hauteur de ce qu’on a vu il y’a de cela deux ans au Cameroun.
Sur le strict plan sportif, quels sont pour vous, les grands favoris de cette Can ? Et pourquoi ?
On doit surtout parler de la Côte d’Ivoire qui joue à la maison, et en plus elle a une très bonne équipe. On doit absolument mettre dans ce groupe là le Nigeria, parce qu’il a le meilleur joueur africain de l’heure : Victor Osimhen. Il vient d’être élu Meilleur joueur africain. Cette année, Naples ne marche pas si bien que l’année passée. Ils ont changé d’entraîneur. Ils sont quand même passés aux huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Il a eu des blessures mais dès son retour au stade, il a marqué tout de suite. Il est en forme donc c’est un joueur qui va être très important.
On a l’Égypte qui est toujours au haut niveau avec Mohamed Salah. On a le Cameroun, j’espère que l’absence de Mbeumo ne va pas trop handicaper les Lions. Ça ne va pas être facile. On a déjà quelqu’un qui marque le but devant. On doit encore penser aux anciens, disons les Aboubakar, Choupo Moting, ou Toko Ekambi qui n’est pas en train de faire une grande saison en Arabie Saoudite.
On a sans doute le Sénégal, le champion en titre, avec son leader Sadio Mané. C’est une équipe qui est en train de tout gagner. La première équipe nationale africaine, chez les jeunes.
L’Algérie est un peu en outsider, ça dépend si Ismaël Ben Nasser va y aller, il vient de rentrer d’une longue absence de six mois avec l’AC Milan donc je ne sais pas s’il sera là. Il a dit qu’il n’était pas sûr d’y être.
Je crois que le Maroc doit quand même être entre les deux ou trois premières équipes parce que les Lions de l’Atlas ont fait une demi-finale en Coupe du monde.
Entre le Maroc, demi-finaliste du Mondial qatari, le Sénégal, champion d’Afrique en titre, la Côte d’ivoire, pays organisateur, lequel de ces trois pays sera le plus difficile à battre ?
Comme je viens de dire, je crois que le Maroc est l’équipe la plus complète à partir du gardien jusqu’aux attaquants. Mais la Côte d’Ivoire a quand même un grand avantage en jouant à domicile. Donc dans cet ordre je mettrai Maroc, Côte d’Ivoire et Sénégal.
Vous qui connaissez très bien le football africain, comment les Fédérations et les Etats doivent-ils s’organiser (formations, infrastructures etc.) pour combler leurs retards ?
Ce n’est pas facile parce qu’il faut d’abord que les investissements soient bien placés. La formation des jeunes est très importante. Le problème c’est que maintenant beaucoup de jeunes partent très tôt. Ils laissent l’Afrique et vont se former à l’extérieur. Il faudrait qu’on trouve une façon de les garder en Afrique pour qu’ils puissent bien se former dans leurs pays respectifs. Ce serait très important.
Les infrastructures sont fondamentales. On peut le faire. On a vu au Cameroun ce qu’on a fait quand il y avait la CAN. C’est un investissement qu’on doit continuer. Je parle du Cameroun parce que c’est la réalité que je connais le mieux. Je me rappelle dans les années 80 on allait voir le classico Canon-Union au stade Ahmadou Ahidjo mais on n’arrivait même pas souvent à entrer, tellement il y avait du monde.
À chaque match le stade était plein. Maintenant c’est pénible ce qu’on voit. On n’arrive même pas à jouer certains matchs du championnat dans de bonnes conditions. On doit aller voir le match dans le petit stade à côté, le stade annexe, car les gens n’y vont plus assez.
Donc c’est très important l’organisation et la professionnalisation. J’ai vu Canon de Yaoundé l’année passée, le club faisait bien la communication de ses matchs. Il traitait avec la presse, il montrait les matchs sur Facebook en direct et les gens avaient la possibilité de les suivre. Moi je suis un très grand supporter de Canon. Maintenant l’engouement est tombé de ce côté-là. C’est plus compliqué de suivre ce qui se passe avec les équipes locales.

Les chantiers pour l’industrialisation du football africain sont nombreux…
Les chantiers pour l’industrialisation du football sont nombreux. Je crois que les choses les plus importantes c’est la maintenance des infrastructures déjà existantes, parce qu’on a vu ce qui s’est passé avec le stade d’Olembé après la CAN. Il a été abandonné. Il y’a beaucoup de problèmes pour reprendre les travaux. Il faudrait quand même que l’équipe nationale puisse y jouer. Il faudrait bien que ce très beau stade soit utilisé, afin que sa maintenance soit assurée.
Vos plus beaux souvenirs du football africain…
Sans doute quand je dis que je suis un très grand supporter de Canon, j’habitais Yaoundé, donc les matchs de Canon je les suivais très bien, j’ai en mémoire la finale de la coupe du Cameroun en 1983. Le score était 3-2, on avait battu l’Union Sportive de Douala. On était mené 2-0, on a remonté deux partout jusqu’à ce qu’on gagne 3-2 au temps additionnel des prolongations. C’est le match dont je me souviens très bien avec un grand plaisir.
Aussi à la télé, chaque fois que le Cameroun a gagné la CAN. J’étais devant la télé, je pleurais de joie parce que c’était vraiment formidable. Et aussi la médaille d’or à Sydney en 2000, on avait gagné la médaille en or face à l’Espagne en finale et en éliminant le Brésil en quart. C’était une équipe fantastique. Le Cameroun avait fait quelque chose d’incroyable.
J’ai eu aussi la chance de connaître le président de la Fédération, monsieur Samuel Eto’o Fils quand il était venu ici jouer à Inter Milan. Il était venu dans nos locaux, de la Gazetta dello Sport, on lui a dit qu’il y’ avait quelqu’un ici qui avait habité au Cameroun et il a dit qu’il veut connaitre cette personne. On a donc fait connaissance et on a même pris une photo ensemble.