Comment la gymnaste Kaylia Nemour, formée en France puis en conflit avec la Fédération, a fini par gagner l’or pour l’Algérie. Grâce à un formidable mouvement qui porte son nom, la Franco-Algérienne Kaylia Nemour, formée en France, est devenue la première championne olympique de gymnastique de l’Algérie. La jeune gymnaste, vice-championne du monde a pris sa revanche sur la Chinoise Qiu Qiyuan, elle aussi âgée de 17 ans, qui lui avait ravi le titre de championne du monde avec moins d’un dixième d’avance (15,100 contre 15,033) à Anvers l’an passé. Le bronze revient à l’Américaine Sunisa Lee, 21 ans, qui avec une note de 14.800 points relègue au pied du podium la Belge Nina Derwael, 24 ans, qui perd son titre.
A en croire Le Point, Nemour, qui a aussi la nationalité française, a choisi il y a deux ans de représenter l’Algérie après des tensions avec la France. Une poussée de croissance a provoqué un problème osseux, appelé ostéochondrite, nécessitant une opération à chaque genou. Lorsqu’elle a voulu revenir au plus haut niveau, la gymnaste s’est sentie bloquée par un avis médical rendu par la Fédération française de gymnastique, qui s’est défendue en évoquant « des restrictions temporaires de pratique ». Une bataille juridique de plusieurs mois s’est engagée entre les deux parties et Nemour a été exclue de l’équipe de France.
Bataille juridique
Alors que son chirurgien l’autorise à reprendre les entraînements, la Fédération française de gymnastique par la voie de son médecin lui interdit la pratique, en début 2022. Une décision qui lance les hostilités entre le camp de la gymnaste et la FFGym. L’entourage de Nemour décide d’engager une bataille juridique et entamer les démarches pour changer la nationalité de la sportive et opte pour celle du pays d’origine de son père, l’Algérie. La décision intervient dans un contexte de tension entre la Fédération et le club, certaines gymnastes ayant préféré l’Avoine-Beaumont-Gymnastique à l’Insep ou au pôle France de Saint-Étienne pour préparer les JO.
Entre-temps, selon Rfi, la jeune gymnaste s’est fait remarquer aux Jeux arabes et au championnat d’Algérie, mais ne pouvait pas concourir aux compétitions internationales, alors que d’importantes échéances avaient lieu en 2023. En effet, le championnat d’Afrique, qualificatif pour les championnats du Monde se fait en deux étapes, nécessaires à l’obtention du ticket pour les Jeux de Paris 2024.
Grâce à une pétition ayant recueilli plus de 7 000 signatures, la mobilisation de son club, de sa famille, et également du ministère des Sports algérien, elle obtient finalement le feu vert en mai 2023, à quelques jours des championnats d’Afrique de Pretoria, en Afrique du Sud. Le pari s’avère payant pour la gymnaste, championne d’Afrique du concours individuel et médaillée de bronze par équipe.
C’est donc sous les couleurs de l’Algérie qu’elle a disputé les Mondiaux en octobre dernier, puis les JO à Paris. Elle était l’une des favorites sur ces agrès, en l’absence de la Brésilienne Rebeca Andrade et de l’Américaine Simone Biles, qui sera alignée ce lundi 5 août à la poutre et au sol.
« Je suis tellement choquée, je n’y crois pas encore, a réagi Nemour sur Eurosport après sa victoire. C’est le rêve de toute ma vie, et encore plus de ces deux trois dernières années. Aux qualifications, j’avais fait 15.6, et à la finale du concours général 15.5. Quand j’ai vu son 15.5 (de Qiu Qiyuan) je me suis vraiment dit : « Là, il va falloir que je me batte ». Je suis restée focus, je me suis vite reconcentrée, et j’ai fait la meilleure note de toute ma vie. C’était là qu’il fallait le faire, et j’ai réussi à le faire », s’est-elle félicitée.