Didier Roustan fait partie des journalistes sportifs qui m’ont rapproché le plus du foot. Il m’a inspiré. Connaisseur du football mondial devant l’Eternel, amoureux de l’Afrique et grand fan du Cameroun, il ne loupait pas une occasion pour revenir au Cameroun, que ce soit avec la tournée annuelle de l’époque, des professionnels Africains de France, la finale de la Coupe Udeac, les qualifications pour les CM 90 et 94 et j’en passe.
Son reportage sur le retour du vieux Lion Roger Milla pour le mondial 94 est disponible sur YouTube. Je découvre Didier Roustan, à la faveur des cassettes VHS (c’était notre époque) de l’épopée du Cameroun au Mondial 82 en Espagne et de la première finale de Coupe de France gagnée par le Psg face à St Étienne. Ma mère me les avait ramenées de son retour du Mondial. Je les ai visionnées et revisionnées des dizaines de fois, au point d’en mémoriser chaque passage. Je découvre les Boubacar Saar, Nabamtingue Tokomo, etc…
Le style particulier, la liberté dans le ton, les envolées lyriques fleurissent mon cerveau de mille images et remplissent encore ma mémoire aujourd’hui. J’en deviens donc accro. Je guettais ses mini reportages dans la page sport du journal télé de la CTV ou la page étrangère des magazines de sport, pour le lendemain matin dans la cours du lycée à Bafoussam, ou Ebolowa, »refaire le match » avec mes camarades de classe autour.
Didier Roustan, c’était notre ouverture sur le monde et le foot international. Je le retrouve sur les VHS (encore) avec le coffret de 10 cassettes de Antenne 2 (France 2 aujourd’hui) sur les JO de Los Angeles et découvre l’éclosion de Carl Lewis, le premier trophée de Michael Jordan (médaille d’or en Basket), la médaille d’or des Usa en volley-ball avec Charles Kiraly (le meilleur joueur de l’histoire du volley) et là je constate que le mec ne parle pas seulement de foot, mais aussi de tous les sports. Depuis je ne l’ai plus quitté, je voulais parler du sport et le connaître comme Didier R, tout au moins m’en rapprocher. De son empreinte, les deux émissions phares de sport à la télé (avant l’arrivée du câble et de Canal +), Stade 2 et Telefoot ont été marquées.
L’image forte, il avait. Je n’oublierai jamais son » l’histoire bégaie encore…. » Parlant du Cameroun à la CM 94 aux USA, il était au commentaire avec Cantona ou Papin je suis plus très sûr, en effet après l’épopée historique des Lions de 90 en Italie, le Cameroun affronte la Suède dans le premier match de sa poule et est rapidement mené au score, David Embe égalise sur passe de Foé Marc Vivien, mais surtout le Cameroun reprend l’avantage dès le retour des vestiaires.
Passe décisive de Rigobert Song (Eh oui Rigo a fait une passe décisive en CM) qui lobe toute la défense suédoise d’une longue transversale depuis sa moitié de terrain, Oman Biyick François surgit et marque. Cameroun 2- Suède 1, Roustan s’exclame alors, » l’histoire bégaie encore… » Pour dire que le Cameroun est de retour et va sûrement rééditer l’exploit de 90, malheureusement la Suède finira par revenir au score et le Cameroun sera éliminé au 1er Tour, mais cette séquence me donne encore des frissons rien qu’à y penser.
A la fin des années 90, Didier Roustan est un des premiers consultants qui n’est ni entraîneur ni joueur, lors des retransmissions des matchs .Ce poste jusqu’à cette période était exclusivement réservé aux joueurs et entraîneurs qui seuls détenaient la » crédibilité ou l’autorité » pour parler de foot dans les médias ouvrant ainsi la porte à bien des vocations ( dont la mienne modestement)pour des personnes qui n’avaient pas nécessairement joué ou entraîné mais qui mus par leur culture ,leur soif de connaissances et leur passion pouvaient très bien analyser une rencontre de foot.
Bref Didier Roustan était pour moi un grand Maître, le grand Maître s’en est allé. Doux repos l’artiste.
Franck Happi