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Sports AfriqueL’histoire est sans précédent. Deux staffs préparent les matchs de l’équipe fanion de football du Cameroun dans un flou total. Avec le rejet par la justice sportive nationale, de la liste des membres nommés par la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), une tempête souffle de nouveau autour de l’encadrement technique de l’équipe du Cameroun.
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Alors que les deux parties en conflit s’étaient déjà rapprochées, c’est le coach Marc Brys, déchu par Samuel Eto’o, qui a visité ce 23 mai 2024, le stade militaire de Yaoundé qui servira de terrain d’entraînement des Lions indomptables, dès lundi 3 juin prochain. Un travail d’inspection effectué au préalable par le staff nommé par Samuel Eto’o.
Si l’on assure du côté du ministère des Sports, que Benjamin Banlock, le coordonnateur des sélections nationales a déjà mis à la disposition des joueurs depuis une semaine les billets d’avion et les plans de vol, a réservé les hôtels à Yaoundé et à Luanda, il demeure que Benoît Angbwa, le coordonnateur nommé par Samuel Eto’o a fait les mêmes démarches. Arnauld Ebolo Abada, l’agent de liaison, nommé par le président de la Fécafoot a d’ailleurs été envoyé en mission avancée à Luanda.
Serge Pensy, coordonnateur adjoint des sélections nationales, nommé par Samuel Eto’o, joint au téléphone, indique que sur le plan logistique, tout est fin prêt : « les Lions indomptables séjourneront au Complexe Mundi, ils ont tous reçu du coordonnateur leur plan de vol ». Au cas où ce bras de fer s’éternise, l’on assure du côté gouvernemental avoir prévu le plan B pour les équipements et la logistique.
Michel Dissaké Mbarga
Sauf qu’aux yeux de la Fifa, la Fécafoot est la seule instance qui sert d’interface et par ricochet aux clubs et autres Fédérations. C’est l’instance faitière du football camerounais qui peut organiser les réunions techniques et faire accréditer les joueurs et membres du staff technique, administratif et médical.
C’est conscient de tout cela, que Michel Dissaké Mbarga, inspecteur général des services, représentant du ministère des Sports au sein de la délégation officielle devant prendre part au match Angola-Cameroun du 11 juin 2024 à Luanda, a fait déposer son passeport chez le coordonnateur de sélections nationales Benoît Angbwa, nommé par Samuel Eto’o, président de la Fécafoot.
Cette bataille entre le ministère camerounais en charge des Sports et la Fécafoot a pour objectif le contrôle et la gestion de la sélection nationale de football. La tutelle qui a pris sur elle de nommer tous les membres du staff des Lions, semble parfois coincée. Le sélectionneur Marc Brys s’est vu, par exemple, obligé de remettre sa liste de joueurs convoqués au secrétaire générale de l’instance faitière du football camerounais. Ceci parce que si ce n’est pas le patron de l’administration de la Fécafoot qui envoie les fax aux joueurs et clubs, le Cameroun risque de perdre le match sur tapis vert. Idem si ce n’est pas la Fécafoot qui organise les réunions techniques.
Les égos démesurés
Sur le strict plan sportif, Jean Charles Castelletto, blessé au mollet, est forfait pour ces rencontres. Son absence a été confirmée par Marc Brys ce jeudi 23 mai, en marge de la visite du stade militaire à Yaoundé, qui sera le QG des entraînements des Lions.
A 15 jours d’un match aussi capital, on pensait au vu des nombreuses assises dans les services du Premier ministre du Cameroun, avoir trouvé un consensus, un compromis. Mais que non, Samuel Eto’o continue à s’opposer à la décision du ministre Narcisse Mouelle Koumbi et conteste le verdict de la Chambre de Conciliation et d’arbitrage du comité national olympique Cameroun, qui après avoir rendu un verdict temporaire, en défaveur de la Fécafoot, va entrer au fond des débats, afin de rendre une sentence définitive. Une affaire dont le Cameroun aurait pu s’en passer, n’eut été les égos démesurés des uns et des autres.
La situation est d’autant plus regrettable pour les amoureux de la sélection que le Cameroun s’apprête à disputer deux matchs capitaux dans l’optique d’une qualification pour la Coupe du monde 2026. Le quintuple champion d’Afrique, qui partage la tête du groupe D avec la Libye et le Cap -Vert, va justement retrouver la formation insulaire, huitième de finaliste de la dernière CAN, le 8 juin, avant, trois jours plus tard, un déplacement périlleux en Angola, quart de finaliste du dernier tournoi continental.
Autant dire que le moment choisi par les autorités en charge du football camerounais (Ministère et Fécafoot) pour se livrer une guerre intestine est très inopportun. Les enjeux sont énormes : le Cameroun joue gros. Il court le risque de ne pas se qualifier pour un Mondial, où pour la premier fois l’Afrique aura au moins neuf représentants.
Réformateur de façade
Pour Philippe Doucet, le consultant de Canal +, dans ce bras de fer, les textes de la Fifa sont en faveur de la Fécafoot : Samuel Eto’o Fils étant habile, il est capable d’amener la Fifa dans son camp étant donné que les règlements de la Fifa lui sont favorables. Les textes de la Fifa lui sont favorables parce que c’est de l’ingérence pure et dure .
En revanche, de l’avis de Cyrille Tollo, conseiller du Minsep :
L’heure n’est plus à la gesticulation stérile, à un appel désespéré de la FIFA au secours, dans l’espoir égoïste et irresponsable de voir le Cameroun suspendu de toutes les compétitions. Pourtant dans sa correspondance du 6 mai dernier, cette même Fifa avait déjà renvoyé la Fecafoot au respect de la convention du 15 fevrier 2015 signé avec le Minsep.
Et dire que certains voulaient redonner au football camerounais sa grandeur! Mais jamais notre sport roi n’a été autant au ras des pâquerettes! Dans toute son histoire, jamais le football camerounais n’a été autant traîné dans la boue! Et qu’on le veuille ou non, l’histoire retiendra que c’est sous le règne d’un réformateur de façade que s’est déroulée l’opération de démolition de ce que les Camerounais ont de plus cher, les Lions indomptables et leur football.
On peut donc se poser légitimement ma question de savoir si nous sommes toujours dans un combat sportif. La réponse est non. Les enjeux sont désormais éminemment politiques, mais restons dans le football pour l’instant .
