Le taekwondo ivoirien des sourds-muets affiche de belles perspectives, porté par Aliman Ouattara, l’une de ses ambassadrices. La jeune dame représentera la Côte d’Ivoire aux Jeux olympiques des Sourds (Deaflympics) à la mi-novembre 2025 à Tokyo au Japon. La taekwondoïste sourde-muette est la première Ivoirienne et la troisième femme africaine sourde à participer à cette compétition internationale. Un exploit qui place la Côte d’Ivoire au-devant de la scène. Le pays devient ainsi la deuxième nation africaine et la première en Afrique francophone à inscrire son nom dans l’histoire du taekwondo aux Deaflympics.
Le succès au prix de la discipline
À 16 ans, la combattante de OD Taekwondo Tafiré entre dans l’histoire du taekwondo ivoirien comme la première athlète sourde-muette à décrocher des médailles dans cette discipline. En 2023, elle a remporté l’or à l’Open OK Ferkessédougou. Un an plus tard, en 2024, Ouattara s’adjuge la médaille d’or à l’Open du Nord (Tafiré), ainsi que le bronze à l’Open Équinoxe Abidjan.
L’année 2025 a également été pleine de promesses pour la sportive ivoirienne. Cette année, elle s’est imposée à l’Open international Amadou Koné à Bouaké où elle remporte le métal en or. Cette année est aussi celle de son couronnement à l’Open de la SUCAF. Compétition où elle s’en sort avec deux trophées : la médaille d’or et le titre de meilleure combattante. Des performances qui soutiennent son ambition de dicter sa loi sur les tatamis de Tokyo.
Aliman Ouattara doit ses nombreux succès à la rigueur et la discipline qu’elle s’impose à elle-même. Son sérieux et son engagement forcent le respect de son coach Sie Clofolo Moïse Touré. « Par son travail et ses résultats, elle a réussi à donner une véritable visibilité au taekwondo des sourds dans notre pays. Aujourd’hui, elle est devenue un modèle et une source d’inspiration pour beaucoup de jeunes sourds. Son parcours prouve que, même avec peu de moyens, la passion et la persévérance peuvent conduire à l’excellence », déclare-t-il.
Au-delà des obstacles
La prodige du taekwondo sourd ivoirien donne le tempo dans une discipline exigeante malgré un soutien presque inexistant. « La plupart du temps, ce sont des appuis qui viennent du Parrain du club, M. Ouattara Dramane, dit OD, ainsi que de certains cadres de Tafiré qui croient en elle et n’hésitent pas à l’encourager », affirme Moïse Touré avant de reconnaître les efforts fournis par les autorités : « depuis peu, la Fédération des Sports pour Sourds de Côte d’Ivoire (FSSCI) commence également à l’accompagner, notamment sur le plan administratif et logistique. Ces soutiens, bien que modestes, lui permettent de continuer à s’entraîner et à défendre les couleurs du pays avec courage et détermination ».
Les belles performances de Aliman ouvrent la voie vers une carrière pleine de succès. Malgré son jeune âge, Aliman Ouattara place son ambition au-delà de simples résultats sportifs. Elle nourrit le rêve de transmettre son expérience et encadrer les jeunes athlètes sourds, afin d’assurer la relève et de contribuer durablement à l’évolution du taekwondo des sourds. Plus qu’un symbole, Aliman Ouattara représente l’avenir de son sport en Côte d’Ivoire.


