Tandis que les Lionnes de l’Atlas filent en demi-finale avec autorité, les Camerounaises révèlent de profondes lacunes structurelles, soulignant les défis d’un futsal féminin encore balbutiant dans plusieurs pays africains. Le score est sans appel, mais le contenu du match l’est encore plus. Jeudi 24 avril au Complexe Moulay Abdellah de Rabat, les Lionnes de l’Atlas ont infligé une véritable correction (7-1) au Cameroun.
Déjà impressionnantes en ouverture face à la Namibie (8-1), les Marocaines poursuivent leur marche impériale dans cette première édition de la CAN féminine de futsal organisée à domicile. Amal El Ouafi a rapidement ouvert le score, suivi d’un but contre son camp de la Camerounaise Yvana Mbozomo. Chirine Knaidil, Meriem Hajri, Doha El Madani, Siham Tadlaoui et Malak Al Kilani ont tour à tour creusé l’écart. Seule éclaircie pour les Camerounaises : le but de Brunelle Beulou à la 17e minute. Mais à aucun moment, les joueuses de Louis René Epée n’ont semblé en mesure de bousculer les locales.
Cette défaite est d’autant plus amère qu’elle contredit les ambitions affichées par le sélectionneur camerounais. Avant le tournoi, Louis René Epée se voulait optimiste : « Notre ambition est claire : c’est le titre. Nous voulons aller au bout. Lorsqu’on participe à une compétition d’élite, ce n’est pas uniquement pour soi, mais pour le drapeau que l’on défend, pour la nation et pour l’État. L’objectif est de gagner, de se qualifier et de devenir champion » Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. Le Cameroun, qui découvrait la scène continentale dans cette discipline, a affiché des failles dans tous les compartiments du jeu : placements approximatifs, passes manquées, couverture défensive en retard.
Ce revers interroge sur la préparation de l’équipe. Contrairement au Maroc, qui s’est engagé depuis plusieurs années dans un processus de structuration de son futsal féminin, le Cameroun en est encore aux balbutiements. Peu de joueuses camerounaises disposent d’une véritable expérience en futsal ; la majorité vient du football à 11, sans réelle spécialisation. Le manque de compétitions locales, d’infrastructures adaptées et de sparring partners de qualité constitue un frein au développement de la discipline.
À l’inverse, le Maroc récolte les fruits d’une politique sportive volontariste. Sous l’impulsion de la Fédération Royale Marocaine de Football, le pays a investi massivement dans les infrastructures, les formations techniques et la détection des talents féminins. Des stages réguliers, des matches amicaux internationaux, et un encadrement technique professionnalisé expliquent en grande partie la montée en puissance des Lionnes de l’Atlas.
Des enjeux continentaux et mondiaux
Cette première CAN féminine de futsal est aussi un test grandeur nature pour le continent. Elle doit permettre d’identifier les nations capables de rivaliser à l’échelle mondiale. Les deux finalistes du tournoi décrocheront leur billet pour la Coupe du Monde de futsal féminin aux Philippines, prévue du 27 novembre au 7 décembre 2025. Une échéance qui place cette compétition sous haute tension.
Malgré ce faux pas, tout n’est pas perdu pour le Cameroun. Une victoire contre la Namibie samedi pourrait lui permettre de figurer parmi les meilleurs deuxièmes et d’accéder au dernier carré. Mais pour cela, un sursaut est indispensable, à commencer par une remise en question tactique et mentale. Car le rêve de Coupe du Monde ne tient plus qu’à un fil. Notons que, ce tournoi révèle une constante des compétitions féminines en Afrique : les écarts de développement entre pays sont encore criants. Tandis que certains États investissent et structurent, d’autres peinent à poser les fondations. Le futsal, par son format rapide, technique et accessible, pourrait pourtant devenir un levier efficace pour la promotion du sport féminin à travers le continent.