Le monde du football camerounais est en deuil. Pascal-Baylon Owona, homme aux multiples talents, incarnait l’excellence tant sur le terrain, dans l’administration, que dans sa vie chrétienne. Sa vie se résume en trois étapes majeures. Capitaine historique lors de la CAN 1970 de football au Soudan, président de la Fécafoot, cet inspecteur des Impôts, a achevé sa carrière de haut fonctionnaire en occupant le prestigieux poste de Directeur adjoint des Impôts et il a également consacré sa vie, durant de longues années à l’Eglise catholique, en étant Président du Conseil paroissial en charge des questions économiques de la Cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé.
Synthèse entre excellence sportive et compétence administrative
Premier président élu de la Fécafoot (1990-1993), Pascal-Baylon Owona a posé les jalons d’une gestion moderne du football camerounais. Son mandat a marqué le début d’une nouvelle ère pour le football national, établissant des standards qui résonnent encore aujourd’hui. Sa disparition laisse un vide immense dans le football camerounais. Joueur d’exception devenu administrateur émérite, Pascal-Baylon Owona incarnait la parfaite synthèse entre excellence sportive et compétence administrative. Il fût d’ailleurs le dernier Directeur de l’Office national des Sports.
Lorsqu’il revient comme membre du Comité de normalisation de la Fécafoot en 2013, beaucoup ne savent pas que derrière ce vieux homme par le poids de l’âge, se dissimule un défenseur central qui brisait les codes de l’époque. Il est le premier à enlever l’adjectif « fixe » qui définissait le libero de l’époque.
De son parcours de footballeur, l’on retient que Pascal Baylon Owona a été fidèle à un seul club, le Tonnerre de Yaoundé, où il a évolué de 1967 à 1971, avant son admission à l’Ecole nationale d’administration. Il était le capitaine des futurs quintuples champions d’Afrique à la première Can de leur histoire en 1970, au Soudan. Avec ses coéquipiers à l’époque, il avait renversé la Côte d’Ivoire lors de leur premier match (3-2), alors qu’ils étaient menés 2-0. Point de départ de la rivalité entre les deux cadors du football africain.
Cependant, ils avaient manqué la qualification au prochain tour d’un cheveu en dépit d’un second succès de rang décroché contre l’Éthiopie (3-2). Ceci, à cause d’une défaite concédée face au pays hôte lors de l’ultime journée de la phase de groupes (2-1).
Le chroniqueur sportif Abel Mbengue garde de lui :
L’image d’un homme rigoureux, fier de lui, ami quand il le faut, et surtout très fraternel. Comme joueur, ceux qui l’ont surnommé « Homme sec » ont été très inspirés, car il était un défenseur intraitable. Comme capitaine, tout était en lui pour bien gérer ses pairs sur le terrain, et plus tard, comme président de la Fédération. Pascal Owona ne peut pas, et ne doit être oublié pour le football camerounais par ces temps où les égoïsmes et les surenchères sont légions. Et si je dois lui prêter un message, ce serait que toutes ces crises s’arrêtent pour un retour de la sérénité dans notre football.
Exemplaire et généreux
Jean Paul Akono, son coéquipier pendant 4 ans en sélection nationale ne tarit pas d’éloge à l’illustre disparu :
C’est avec une énorme tristesse qui m’a traversé l’esprit depuis que j’ai appris le décès de mon ami et frère de longue date. Il devrait vivre plus longtemps. Car le patriarche était un homme très bien. Mais, nous ne pouvons rien contre la volonté de Dieu, qui l’attend désormais à ses côtés. C’est notre seule consolation. Le patriarche qui s’en va a eu tous les mérites de ce sport qu’est le football. En joueur loyal, il n’a connu qu’un seul club : le TKC (1967-1971), où il était l’emblématique capitaine. A la fin de sa carrière, son cursus académique aidant, il a été trésorier de la Fecafoot, avant de devenir le président.
Il ajoute que :
Quand il jouait, c’est à peine s’il transpirait. Il jouait sans la moindre brutalité. De toute sa carrière, malgré qu’il était très exposé comme défenseur central, je ne sais pas s’il a écopé d’un seul carton rouge, tellement il était propre dans son jeu. Meneur d’homme, personne exemplaire, il était très généreux. Lors d’une réunion au ministère des Sports, consacrée aux anciens Lions, pendant la Can 2022 disputée au pays, bien que nous ayons eu la même enveloppe, il avait redistribué à chacun de nous ses 200 000 Fcfa. En dehors des stades, il avait consacré sa vie à Dieu. Il aimait rappeler à tous ses proches que nous devons rendre grâce au Seigneur, en le louant continuellement.
Michel Kaham, ancienne gloire du football camerounais, a rendu hommage à son ancien collègue du Comité de normalisation de la Fecafoot, alors présidé par Joseph Owona, en disant : « Il était un grand homme, simple et sociable».
« Nous sommes plongés dans la tristesse… Adieu Prince Pascal Owona Baylon, Adieu mon frère », a réagi Vincent Sosthène Fouda, un proche de la famille.