À travers le Maison Sport Club (MSC), premier club professionnel d’athlétisme du Burkina Faso, Zango partage son expérience, son exigence et sa vision avec les jeunes talents du pays. Une initiative rare sur le continent, qui illustre le profond engagement d’un champion pour sa terre natale. « Ils veulent me ressembler », confie Fabrice Zango. Ces mots, simples mais puissants, traduisent la résonance que sa carrière a dans le cœur des jeunes athlètes burkinabè. Au MSC, dont il est le directeur technique, Zango ne se contente pas d’être une figure emblématique ; il devient mentor, coach, source d’inspiration vivante.
Depuis trois mois, une trentaine de jeunes s’entraînent sur le site de Karpala, sous l’œil attentif de leur coach principal, mais aussi, lorsque le champion est de retour au pays, avec l’encadrement direct de Zango lui-même. Le projet du Maison Sport Club est clair : créer une dynamique professionnelle autour de l’athlétisme et former une élite compétitive, capable de briller sur les pistes africaines et internationales. Trois séances par semaine, des exercices ciblés, un suivi technique de qualité, et surtout, des échanges réguliers avec un athlète de haut niveau, donnent à ces jeunes, une occasion unique de progresser.
Les résultats sont déjà là. Zango se félicite : « En trois mois seulement, certains ont amélioré leurs performances de 1 à 1,5 mètre. Les vitesses de course aussi ont évolué de manière remarquable. » Lors de ses interventions au club, Zango ne vient pas imposer une posture ou un statut. Il casse la barrière entre l’icône et les aspirants champions. « C’est plus facile avec Zango », dit Wassila Sawadogo, une des jeunes recrues. « Comme il est champion, il a toutes les méthodes pour nous amener à être comme lui, ou même à le dépasser. » Le message est clair : ici, l’objectif n’est pas d’imiter, mais de s’approprier une discipline, d’aller au-delà des limites.
Pour Chaïde Koussé, un autre pensionnaire : « Il m’a lancé un défi que j’ai réussi. J’espère aller aux Jeux olympiques un jour. » En leur parlant des exigences, des doutes, des blessures ou encore de la gestion mentale des compétitions, Zango humanise la performance.
Il partage les coulisses d’un parcours couronné de médailles, mais forgé dans l’effort et la persévérance. Lorsqu’il évoque sa propre capacité d’adaptation face à la pression des concours, comme à Glasgow où, malgré une crampe au mollet, il a réussi à gagner avec un saut à 17,53 m, il donne une leçon de résilience et de stratégie mentale. « Si quelqu’un avait sauté à 17,60 m, j’aurais sauté à 17,61 m ! », plaisante-t-il. Mais derrière l’humour, une vraie détermination : ne jamais lâcher.
Un modèle à construire localement
Maison Sport Club n’est pas seulement un terrain d’entraînement. C’est une structure ambitieuse, pensée comme un club moderne, structuré, aux objectifs clairs. Créé à Ouagadougou, le MSC entend s’étendre dans d’autres villes du pays. À travers des campagnes de détection, comme celles organisées en décembre 2024. Zango et son équipe ont déjà attiré près d’une centaine de jeunes âgés de 14 à 17 ans. Des épreuves de sprint, de puissance explosive et de saut ont permis de repérer les talents bruts.
Une vingtaine de jeunes, présélectionnés après ces tests, bénéficient d’un encadrement professionnel. Pour Zango, ce travail de terrain est essentiel. « Ce que j’ai vécu à l’étranger, ce que j’ai vu, je veux le ramener ici. Il faut une nouvelle dynamique pour l’athlétisme burkinabè. » Son ambition, donner une vraie perspective d’avenir à ces jeunes. Une carrière dans le sport ne doit plus être un rêve inaccessible, mais un chemin structuré, encadré, ouvert.
Le geste de Fabrice Zango dépasse l’acte sportif. Il s’inscrit dans une volonté profonde de transformation sociale. En créant un environnement où les jeunes peuvent s’exprimer, progresser, rêver et réussir, il redonne espoir à toute une génération. Dans un pays où les moyens dédiés au sport restent limités, où l’encadrement technique fait souvent défaut, son engagement est une lumière. En offrant un encadrement de qualité, une visibilité médiatique, mais aussi en créant une culture de l’excellence, Zango crée un modèle.
Il ne cherche pas à construire son héritage par des statues ou des hommages, mais par la transmission active, par des carrières qu’il contribue à faire éclore. Le MSC est son laboratoire de champions. « J’ai vu des jeunes plus forts que moi à mes débuts », dit-il. Il y croit. Il les pousse. Il les accompagne.
Une vision tournée vers l’avenir
Dans un pays où les héros sont rares et les opportunités encore plus, Fabrice Zango est un exemple vivant que l’excellence peut émerger, que les rêves peuvent se concrétiser à condition qu’on leur offre des racines et des ailes. Son engagement est à la fois un acte de foi, une responsabilité citoyenne et une promesse : celle que demain, d’autres Zango jailliront des pistes de Karpala ou d’ailleurs, portés par un projet, une méthode, et un homme qui a su leur tendre la main. Même loin des sautoirs les plus prestigieux du monde, il pourra toujours véhiculer un message « d’espoir et de persévérance pour la jeunesse, les gens qui me suivent et l’Afrique », tant il est impliqué auprès de la nouvelle génération pour le développement de la pratique sportive.
Le spécialiste du triple saut ne va pas poursuivre sa carrière sportive au-delà de l’année 2025. Il l’a annoncé dans les colonnes du journal Sidwaya Sport, les Championnats du monde d’athlétisme 2025 prévus à Tokyo du 13 au 21 septembre seront son dernier objectif. Hugues Fabrice Zango ne se contente pas de sauter loin. Il construit des ponts vers l’avenir.