Avec cette performance, la Fédération sénégalaise de football (FSF) confirme la réussite de son système de billetterie entièrement digitalisé. Lancée pour moderniser la gestion des matchs au Stade Abdoulaye Wade, cette solution a permis d’améliorer la traçabilité des ventes et d’éviter les fraudes liées à la revente illégale des billets. Les supporters ont désormais accès à un service plus rapide, plus sûr et plus transparent.
« La digitalisation n’est plus un choix mais une nécessité », soutiennent l’instance, pour qui cette innovation marque un tournant dans l’organisation des événements sportifs au Sénégal. La billetterie numérique ouvre la voie à une gestion plus efficace et à une meilleure expérience pour le public. Mais derrière ce succès technologique, la question des nouveaux tarifs soulève la controverse. Selon la grille dévoilée par la FSF, les prix des billets ont connu une forte augmentation. La zone rouge est passée de 1 000 à 3 000 FCFA, le virage jaune de 3 000 à 10 000 FCFA, et le jaune centre de 5 000 à 20 000 FCFA. Les loges annexes affichent désormais 20 000 FCFA, tandis que la loge VIP reste inchangée à 50 000 FCFA.
Pour de nombreux supporters, ces montants paraissent déconnectés du pouvoir d’achat moyen. À la difficulté d’accès au stade, situé à Diamniadio, s’ajoute désormais un coût jugé excessif. Sur les réseaux sociaux, plusieurs fans dénoncent une décision « injuste » qui rend l’accès au stade « presque réservé à une élite ». Si la FSF défend son choix, certains observateurs y voient une démarche financière assumée. L’objectif serait de maximiser les recettes pour compenser les coûts élevés liés à l’organisation des matchs internationaux.
Entre rentabilité et accessibilité
Le souvenir du match barrage contre l’Égypte en 2022 reste vif. Cette rencontre historique, qualificative pour le Mondial au Qatar, avait généré plus de 600 millions FCFA de recettes. L’actuelle équipe fédérale chercherait à reproduire cette réussite, même si le contexte n’est plus aussi favorable. Depuis l’élimination précoce des Lions à la dernière CAN, la ferveur populaire s’est émoussée. Le Stade Abdoulaye Wade ne fait plus systématiquement le plein, et une politique tarifaire trop ambitieuse pourrait éloigner encore davantage les fidèles supporters. L’autre réalité, c’est que la tenue d’un match international au Sénégal reste coûteuse. La location du stade Abdoulaye Wade dépasse 35 millions FCFA, sans compter les près de 90 millions alloués à la sécurité et à l’hébergement des équipes.
Abdoulaye Fall, président de la FSF, a récemment plaidé pour une réduction du coût d’exploitation du stade, soulignant que l’appui de l’État demeure indispensable pour alléger les charges fédérales. Si la digitalisation de la billetterie représente une avancée incontestable, la FSF devra désormais trouver le juste équilibre entre modernisation et inclusion populaire. Car le football sénégalais tire sa force de sa ferveur, celle d’un peuple prêt à vibrer derrière ses Lions. Rendre cette passion financièrement accessible, tout en maintenant une gestion moderne et rentable, sera sans doute le prochain défi de la Fédération.


