Certains clubs de football de la RDC subissent les dégâts collatéraux de la guerre. La bataille armée qui fait rage entre le M23 et les FARDC dans l’est de la République démocratique du Congo ne se limite pas à une tragédie humanitaire ou sécuritaire. Elle touche désormais un secteur inattendu : le sport. Le championnat national de football, Ligue 1, est aujourd’hui en proie à de graves perturbations, une situation qui cristallise l’attention.
Selon une information RFI, ce sont des équipes de football qui ne jouent plus depuis le démarrage de la phase retour du championnat national de football de la RDC ce début février. Le FC Étoile du Kivu et l’Olympic Club Bukavu Dawa sont à l’arrêt, victimes de la guerre qui sévit dans l’Est de la RDC. Ce lundi 03 mars, « coach Tifo », entraineur du FC Kivu devait commencer la formation de la licence B de la Confédération africaine de football pour les entraîneurs.
Impossible pour lui de rejoindre ses collègues à Kinshasa. Pour son gardien de but, Ntéla Merfi, 20 ans à peine, la priorité reste de retrouver sa famille après plus de deux mois sans les voir. « La famille me manque tellement. Je suis là, je suis père de famille. J’ai ma petite fille, elle a besoin de moi. Ce que je demande, c’est de rentrer chez moi. »

C’est aussi le cas de Seb Capella, défenseur axial du FC Etoile du Kivu. « Ce qui se passe ici, vraiment, je ne supporte pas. Donc, j’ai vraiment besoin de rentrer chez moi, à la maison pour voir ma famille. » Aujourd’hui, ils sont 26 membres du FC Kivu à se retrouver dans une situation précaire à Kalémie, où ils ont trouvé refuge depuis le 18 février dernier, après avoir enduré et franchi de multiples obstacles sur leur chemin.
Chez les voisins de l’Olympique club de Bukavu Dawa, la situation est tout aussi difficile et compliquée. « Avant que le pire ne puisse arriver, nous avons pris l’initiative de quitter Bukavu. Nous avons parcouru 22 kilomètres en marchant pour quitter Nya-Ngezi jusqu’à Kamanyola. Nous avons rencontré des Wazalendo (milices), de Fardc (militaires congolais). Nous avons été fouillés à chaque barrière, c’était vraiment stressant. La situation est très pénible. », témoigne Eli Bombanza, 24 ans, milieu offensif du club de Bukavu.
Ce qui fait dire Radio Okapi que ce contexte illustre parfaitement comment la crise en RDC affecte des sphères souvent laissées en marge des discussions internationales. Le sport, censé rassembler et apaiser les tensions, devient à son tour une victime collatérale d’un conflit qui paralyse une région et ses infrastructures. Le football congolais, vecteur d’espoir et de fierté nationale, pourra-t-il se relever de ce énième coup dur ? Une chose est sûre, les amateurs ainsi que les clubs attendent des réponses rapides et des décisions impactantes de la part des instances dirigeantes.
Dans ce climat d’incertitude, la question demeure : comment redonner à la Ligue 1 de football en RDC l’élan et la stabilité qu’elle mérite ? En pleine complexité géopolitique, l’avenir du sport congolais dépend autant des solutions locales que de la résolution des tensions dans l’Est du pays.
À cela s’ajoute l’extrême précarité, car pour rejoindre Kinshasa, où 80% des joueurs sont originaires, il faut au minimum 11 000 dollars américains pour payer le voyage.


