Et pas seulement celle qui se donne aux happy few possesseurs de comptes en banque. Mais celle aussi qui se conquiert dans la chaleur d’une famille heureuse et auprès d’amis cultivant le même art de vivre.
L’avenir parlait des prochains épisodes de ce destin sans histoire qui se construiraient à l’image de l’édifice-symbole de Dschang, celui-là dont la célébration s’est tragiquement terminée.
Dans ce pays nôtre où le vice paraît avoir définitivement vaincu la vertu, l’hypothèse d’un camion fou n’est jamais totalement à exclure. Sur cette route Obala-Ebebda, ils sont particulièrement nombreux et règnent sans partage. On les sait d’un fonctionnement défectueux. On n’ignore rien de la mentalité fougueuse de leurs chauffeurs. On mesure la fulgurance de leur vitesse à la force du vent qu’ils déplacent, et aussi aux gravillons qui s’échappent de leurs bennes.
Le camion fou de Landry Nguemo, pour ainsi dire, était un cocktail Molotov de ce genre. Il lui a suffi d’une fraction de seconde pour tirer un trait sur les réjouissances de Dschang et pulvériser la perspective du voyage qui devait conduire le footballeur auprès de sa famille en France. Des vies se sont envolées dans le choc, cependant que le champion de Formule 1 s’évanouissait dans la nature.
La suite de ce récit aurait pu être une longue litanie d’interrogations sur ce curieux et douloureux pli que nous avons pris d’identifier nos abcès tout en les laissant suppurer plutôt que de les crever. Car qui ignore ce qui se passe sur la route d’Obala ? Une question qui traîne de nombreuses et désespérantes autres à sa suite. Mais à quoi bon ? »