Libre de tout contrat depuis son départ de Liverpool l’été dernier, Joël Matip baisse pavillon. À 33 ans, l’international camerounais, également passé par Schalke 04 et après sa préformation à Bochum, a annoncé mettre un terme à sa carrière, huit ans après sa signature à Liverpool. Il s’est construit un solide palmarès à Anfield, avec notamment la Ligue des champions 2019, la Coupe du monde des clubs (2019), la Supercoupe de l’UEFA (2019), la Premier League (2019), la Coupe d’Angleterre (2022) et deux Coupes de la Ligue anglaise (2022, 2024).
Formé à Schalke 04, Joël Matip débute avec les professionnels en 2009, à l’âge de 18 ans. Dès ses premiers pas en Bundesliga, il montre des qualités impressionnantes pour son jeune âge : un physique solide (1,95 m), une lecture du jeu intelligente et une sérénité. Entre 2009 et 2016, il dispute 258 matches sous le maillot des Königsblauen, inscrivant 23 buts, un chiffre élevé pour un défenseur.
Une ascension européenne fulgurante
Malgré une forte concurrence en Bundesliga, Joël Matip et Schalke 04 ont remporté une Coupe d’Allemagne en 2011, ainsi qu’une Supercoupe d’Allemagne la même année. Cette période marque l’ascension de Joël Matip sur la scène européenne. En 2016, Joël Matip rejoint Liverpool sous la houlette de Jürgen Klopp, qui voit en lui un défenseur central capable de stabiliser une défense souvent critiquée pour sa fragilité. Arrivé librement à Anfield, Matip s’intègre rapidement dans l’équipe et devient un élément clé de la défense des Reds.
Sa meilleure saison avec le club de la Mersey reste probablement celle de 2018-2019, où Matip contribue grandement au sacre de Liverpool en Ligue des Champions. Il forme alors un duo redoutable avec Virgil van Dijk, alliant solidité défensive et relance de qualité. Durant cette même période, Liverpool remporte également la Premier League, la Supercoupe de l’UEFA et la Coupe du Monde des Clubs, inscrivant Matip dans la liste des défenseurs ayant marqué l’histoire des Reds.

Sur le plan international, retenu par Paul Leguen en janvier 2010, l’entraîneur des Lions indomptables de l’époque, pour participer à la CAN en Angola, Joël Matip, alors élève en classe de Terminal, n’honore pas ce premier rendez-vous avec les Lions. Après avoir passé son baccalauréat, en mai 2010, Paul Leguen nous fait découvrir sa grande silhouette lors du Mondial sud-Africain. L’accueil dans la tanière est glacial, pour dire le moins, et provoque d’incompréhensibles remous qui vont se prolonger jusqu’à la Coupe du monde 2014, à l’issue de laquelle il prend congé de la sélection. Dès la Coupe du monde 2010, la bande à Achille Emana estimait qu’ils ne pouvaient pas avoir qualifié le pays, et qu’un « intrus » vienne prendre leur place.
Victime de la médiocrité
Lors des préparatifs du Mondial Brésilien de 2014, titulaire en charnière centrale avec Nkoulou, Joël Matip dispute tous les matchs amicaux, avec parfois des prestations très remarquables comme face à l’Allemagne (2-2). Mais, une fois au Brésil, contre toute attente, pour d’obscures raisons, le coach Volker Finke, préfère aligner dans l’axe des joueurs comme Aurélien Chedjou ou Dany Nounkeu. Joël Matip va très mal vivre ce moment. Une fois qu’il annonce sa retraite internationale à seulement 25 ans, les délégations vont être constituées pour aller le faire revenir sur sa décision. Son père Jean Matip, reçu à plusieurs reprises par les ministres en charge de Sports, va être mis à contribution.
Ils tombent d’accord en famille que son grand-frère Marvin Matip vienne en éclaireur voir si les comportements ont changé au sein des Lions. C’est ainsi que le 29 mars 2016 à Durban, Marvin Matip dispute l’intégralité du match Afrique du sud – Cameroun (0-0), comptant pour les qualificatifs de la Coupe du monde 2018. Mais au départ du Cameroun, l’organisation de ce match est chaotique. Le vol spécial a accusé plus de 2 heures de retard. Pour des gens ayant été façonnés dans un environnement très professionnel, c’est la goutte d’eau de trop. Le rapport que Marvin fera à son frère Joël est accablant pour le Cameroun. Chaque fois que l’on enverra des émissaires pour le convaincre, il restera muet comme une carpe, sans laisser transparaître aucune raison de son éloignement. Le Cameroun ne bénéficiera pas du meilleur des Matip.
Joël Matip avait la possibilité de faire une belle carrière avec l’équipe d’Allemagne, le pays de sa mère. En écoutant son père camerounais, il a fait le choix du cœur. Mais, au Cameroun, il aura vécu trop de frustrations, du fait de l’incompétence des dirigeants et de la médiocrité de certains de ses coéquipiers, qui craignaient la concurrence. Son départ de la sélection était un contre-pied parfait pour son âge (25 ans), comme sa retraite est encore plus déroutante parce qu’il avait sous la main, de mirobolantes propositions au Golfe persique et en Europe. Il était doué pour le foot, mais son tempérament réservé et sobre ne cadrait pas avec ce milieu parfois mafieux. Il avait une maturité précoce, le métier d’entraîneur de football va lui offrir plus d’armes pour venir, qui sait, retoucher cet amateurisme ambiant dans la gestion du football camerounais qui l’a rendu très souvent introverti.