Ils étaient 10 500, et tous en rêvaient. Mais l’immense majorité sont repartis sans. Sur les aires de Paris 2024, là où se jouait le rêve d’une vie, les médaillés captent la lumière. Faut-il une médaille pour réussir ses Jeux olympiques ? Espérons que non. Pour autant, c’est l’évidence : une médaille change beaucoup de choses.
Il fallait voir la mine défaite de Eliud Kipchoge, lors de la course de marathon pour s’en convaincre. La légende kényane de presque 40 ans (née le 5 novembre 1984) n’a pas réussi son défi. Celui de prendre un troisième or olympique d’affilée après 2016 et 2021. Eliud Kipchoge, vu comme l’un des favoris pour le marathon Paris 2024, ne l’a même pas terminé. Épuisé au trentième kilomètre d’un marathon parisien exigeant et voyant ses chances de médailles s’évaporer au fil des foulées, le Kényan a finalement été ramené par la voiture-balai.
«C’est mon pire marathon. Je n’avais jamais abandonné. C’est la vie, j’ai été mis KO, tel un boxeur. J’ai déjà gagné, terminé 2e, 10e, 5e, là, j’abandonne, c’est ainsi», a-t-il confié à la fin de la course. «C’était comme un combat de boxe. Après cinq mois de camp d’entraînement, vous pouvez être mis KO au bout de deux secondes. Mais la vie continue», C’est finalement l’Éthiopien Tamirat Tola qui a remporté la médaille d’or en 2h06, loin de l’ancien record du monde de Kipchoge en 2h01, battu par Kelvin Kiptum en 2023, (2h00).
L’espagnol Rafael Nadal a aussi manqué son dernier rendez-vous sur la terre battue de Roland-Garros qui a fait de lui une icône du tennis mondial. Un échec mesuré. À 38 ans et au crépuscule de sa carrière, Rafael Nadal a réussi son pari, celui de s’aligner en simple et en double, aux côtés d’Alcaraz, au sein de ces Jeux olympiques de Paris 2024. Il a même fait une apparition inattendue lors de la cérémonie d’ouverture, en étant parmi les derniers relayeurs de la flamme olympique proche de la tour Eiffel.
Mais physiquement, le vainqueur de 22 Grand Chelem n’a pas tenu. Après un premier tour déjà compliqué contre Marton Fucsovics, joueur classé au-delà de la 80ᵉ place mondiale (6-1, 4-6, 6-4), Nadal n’a eu aucune chance au deuxième tour (6-1, 6-4) face à son grand rival de toujours Navak Djokovic, déjà vainqueur de 24 Grand Chelem.
La malédiction du porte-drapeau
Le journal le Figaro évoquant la performance du sauteur Gianmaro Tamberi parle d’un malade imaginaire. Champion olympique en titre avec le qatari Mutaz Essa Barshim en 2021 à Tokyo l’Italien Gianmarco Tamberi voulait remettre ça à Paris. Titré à Rome lors de championnat d’Europe 2024, le mois dernier, avec une barre à 2.37m, le show-man italien n’a pu (réellement) se donner en spectacle au Stade de France. La faute à des coliques néphrétiques (douleurs paroxystiques, violentes, spontanées ou provoquées de la fosse lombaire allant vers les organes génitaux) apparues le jour de la finale, samedi 10 août.
Le sauteur transalpin a été hospitalisé dans la journée avant de finalement concourir le soir-même. «Je viens d’être emmené aux urgences en ambulance après avoir vomi du sang à deux reprises», écrivait-il sur Instagram. Pas de miracle sur la piste violette du Stade de France. Le porte-drapeau italien lors de la cérémonie d’ouverture s’arrête à 2.22m et termine avant-dernier de sa finale.
L’américaine Coco Gauff incarne elle-aussi la malédiction du porte-drapeau. Si Lebron James, l’autre porte-drapeau de la délégation américaine pendant la cérémonie d’ouverture, a assuré le show en décrochant l’or olympique avec la Team USA, Coco Gauff, elle, est repartie avec des larmes et zéro médaille. Alignée en simple, double dames et double mixte, l’Américaine de 20 ans est tombée à chaque fois.
D’abord, au 3e tour en simple, face à Donna Vekic (7-6, 6-2), puis avec sa coéquipière Jessica Pegula face à la paire tchèque Noskova/Muchova (2-6, 6-4, 10-5) au deuxième tour et enfin avec Taylor Fritz, en quart de finale, face aux Canadiens Auger-Aliassime et Dabrowski (7-6, 3-6, 10-8). . Dans quatre ans, à Los Angeles, nul doute qu’à 24 ans et forte de sa douloureuse olympiade parisienne, elle saura être en mesure de se rattraper.

La réussite de la politique
Le judoka japonais Tatsuru Saito est devenu le chouchou des Français malgré lui. Le Japonais, de 22 ans, fils du double champion olympique (1984 et 1988), Hitoshi Saito, voulait marcher sur les traces de son père. Grand espoir nippon, il a été celui que Teddy Riner a battu deux fois lors de la finale par équipes pour donner le titre olympique à la France.
En larmes sur le podium, il avait été acclamé par l’Arena Champ-de-Mars avant d’écrire sur les réseaux sociaux «avoir l’impression de ne pas pouvoir retourner au Japon» après un «résultat aussi pathétique». Teddy Riner l’avait alors soutenu affirmant avoir été «impressionné par sa combativité et sa détermination».
On ne peut parler des échecs aux JO de Paris sans évoquer, les grosses déceptions africaines : présents dans 32 disciplines, seulement 12 pays médaillés sur 54. Deux athlètes illustrent bien cette déconvenue. La Nigériane Tobi Amusan venue en France avec un record du monde (12’12) et pressentie pour une médaille n’a pas pu se qualifier pour la finale du 100 m. Hughes Fabrice Zango, le détenteur du record du monde en salle, favori du triple saut à l’entame des Jeux, est reparti bredouille de Paris.
Il est temps pour les dirigeants africains, de mener une petite ‘’révolution’’ en faisant appel aux vraies compétences, car la concurrence sera encore plus rude à l’avenir. L’industrie du sport mérite une véritable planification, à court, moyen et long termes.
La réussite du sport d’un pays, c’est la réussite de la politique qui l’incarne, en plus des moyens en encadrement, en logistique, en technologie et recherche scientifique à mettre en place, en volume d’entraînement et de préparation, en nombre de stages, en compétitions et confrontations à disputer. Les pays qui remportent le plus de médailles aux JO sont ceux qui investissent le plus en sport !


