À chaque jour un nouveau rebondissement dans l’affaire Marc Brys, du nom du technicien belge imposé par le ministre Narcisse Mouelle Kombi à la Fédération. Un peu moins de 24 heures après leur retrait sur le marché par la Fecafoot, les tickets du match Cameroun – Cap Vert, comptant pour la troisième journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 sont à nouveau disponibles. Se dirige-t-on vers une sorte d’apaisement dans le conflit qui oppose le ministère des Sports et la Fecafoot ? Difficile de le dire pour le moment.
Ce d’autant plus que lundi 3 juin, le bus garé devant l’hôtel Hilton, où sont logés les Lions, et qui contenait le matériel nécessaire pour le déroulement de la séance a soudainement disparu. Le sélectionneur a été contraint d’acheter les maillots et ballons : « C’est inouï. Je fais ce métier depuis 26 ans, je n’ai jamais vu quelque chose de ce genre », a ainsi déclaré le Belge de 62 ans.
En fin d’après-midi de ce lundi, les Lions pouvaient enfin s’entraîner, une fois certains équipements achetés. Quasiment au même moment, la Fécafoot, s’estimant exclue, se retirait de l’organisation du match éliminatoire de la Coupe du monde 2026 contre le Cap-Vert, samedi 8 juin, au stade Ahmadou Ahidjo, à 14h (heure locale). Samuel Eto’o taclait ainsi Marc Brys, coupable d’avoir remanié l’encadrement des Lions mis en place par lui.
Samuel Eto’o va-t-il s’avouer vaincu ?
La star aurait-elle décidé de jeter l’éponge dans la bataille ? A en croire le Journal l’Equipe, ce serait vraiment très mal connaître le personnage. Rien n’est terminé. Si Samuel Eto’o décide de ne pas participer aux réunions préparatoires, s’il n’inscrit pas l’équipe et le staff auprès de la FIFA, le Cameroun peut tout à fait se retrouver forfait. L’idée est à prendre en considération. Ce serait une terrible nouvelle pour le pays. Il s’agit peut-être du dernier pouvoir que Samuel Eto’o possède pour combattre un ministre qui pense avoir remporté la partie en le sortant du jeu.
La légende camerounaise, qui possède un soutien populaire immense, n’a jamais baissé la tête de sa carrière. Cela ne commencera pas comme président de la fédération. Peut-on aller vers l’absence des quintuples champions d’Afrique contre le Cap-Vert ? Cette déflagration, envisageable, pourrait provoquer des mouvements de foule sur la terre des Lions. Tout le monde est conscient que ce rendez-vous est devenu une véritable affaire d’État.
Le ministre d’Etat secrétaire général à la présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh étant un soutien du ministre Moulle Koumbi dans cette affaire. Dans le camp d’en face, Samuel Eto’o sait pouvoir compter, entre autres, sur l’influence du Ministre directeur du cabinet civil à la présidence de la République Samuel Mvondo Oyolo et de son adjoint Oswald Baboké.
Dans un pays au pouvoir hyper centralisé, Paul Biya, 91 ans, le président de la République du Cameroun depuis 1982, n’a toujours rien dit officiellement, pour l’instant. Et c’est pourtant lui qui doit empêcher le Cameroun d’aller droit dans le mur.
Quels sont les risques encourus dans la situation actuelle pour les Lions indomptables ?
L’ingérence politique dans les affaires des Fédérations nationales de football est une question sérieuse qui peut avoir des conséquences importantes. La FIFA a des règles strictes concernant l’autonomie des fédérations nationales, et toute immixtion politique peut entraîner des sanctions sévères.
Voici les principaux risques techniques qu’un pays court en cas d’ingérence politique, ainsi que les positions de la FIFA à ce sujet.
Risques Techniques
Suspension de la Fédération nationale :
La FIFA peut suspendre la fédération nationale de football concernée, ce qui entraîne une interdiction de participer à toutes les compétitions internationales, y compris les qualifications pour la Coupe du Monde et les tournois continentaux.
Exclusion des Compétitions Internationales :
Les clubs du pays en question peuvent être interdits de participer aux compétitions internationales, comme la Ligue des Champions de la CAF, la Coupe de la CAF, ou tout autre tournoi organisé sous l’égide de la FIFA ou de la confédération continentale.
Impact sur les Joueurs :
Les joueurs du pays suspendu peuvent être empêchés de participer à des compétitions internationales avec leurs clubs ou l’équipe nationale, ce qui peut affecter leur carrière et leur développement.
Répercussions Financières :
Les suspensions et exclusions peuvent entraîner une perte de revenus significative pour la fédération nationale et les clubs, en raison de l’absence de participation à des compétitions lucratives et de la perte de sponsors.
Perte de crédibilité et de soutien :
L’ingérence politique peut nuire à la crédibilité de la fédération nationale aux yeux des autres fédérations, des joueurs, des supporters et des sponsors.
Elle peut également réduire le soutien des instances dirigeantes du football mondial et continental.
Isolement du Football national :
Le pays peut se retrouver isolé dans la communauté internationale du football, ce qui peut entraver les efforts de développement du sport à l’intérieur du pays.
Quelle est la position de la FIFA ?
La FIFA défend fermement l’indépendance des fédérations nationales de football.
Voici d’ailleurs ce que disent les règlements de la FIFA sur ce sujet :
Autonomie des Fédérations :
Les statuts de la FIFA stipulent que toutes les fédérations membres doivent être indépendantes et non influencées par des tiers (article 14 des Statuts de la FIFA).
Les fédérations nationales doivent gérer leurs affaires de manière autonome et sans ingérence indue des gouvernements ou autres entités extérieures.
Sanctions en Cas d’Ingérence :
En cas d’ingérence gouvernementale, la FIFA peut suspendre ou expulser la fédération concernée.
Cela inclut des interventions dans les élections, la gestion et les décisions internes de la fédération.
Nous pouvons cependant citer quelques exemples de sanctions :
Des précédents existent où la FIFA a suspendu des fédérations nationales pour ingérence politique.
A titre d’exemple, le Nigeria et le Kenya ont été suspendus à plusieurs reprises en raison d’ingérences politiques dans leurs affaires footballistiques.
Articles des Statuts de la FIFA
Article 14 : Membres et Obligations des Membres :
Les fédérations membres doivent gérer leurs affaires de manière indépendante et veiller à ce qu’aucune tierce partie ne s’immisce dans leurs affaires internes.
Article 19 : Autonomie et Non-Interférence :
Les fédérations membres doivent gérer leurs affaires indépendamment et veiller à ce qu’aucune tierce partie ne s’immisce dans leurs affaires internes.
Le Cameroun est ainsi véritablement exposé au regard de la relation actuelle entre le ministère des Sports et la Fédération camerounaise de football. Les émissaires de la Fifa sont d’ailleurs arrivés à Yaoundé, ce mardi 4 juin 2024.