Le football camerounais traverse l’une de ses plus grandes crises. Comment va s’achever la guerre à laquelle se livrent Samuel Eto’o, le président de la Fécafoot, et Narcisse Mouelle Kombi, le ministre en charge des Sports ? Nul ne le sait ! Après avoir confirmé la veille, vendredi 5 avril, que le Belge Marc Brys serait bel et bien le futur sélectionneur de l’équipe fanion du Cameroun, Mouelle Kombi a reçu, le lendemain, la réponse cinglante du président de l’instance faitière du football camerounais, via un communiqué du Comité d’urgence de la Fédération réunie dans la journée.
Ce Comité d’urgence a tout simplement demandé, en se basant, d’après lui, sur les textes du décret du président de la République de septembre 2024, qui réorganisent les sélections nationales, à Eto’o de livrer le nom du futur patron technique des Lions indomptables dans les 72 heures. Dans cette bataille aux conséquences insoupçonnables, chacun camp avance ses pions dans ce nouvel épisode d’une invraisemblable saga, qui verra l’un des deux protagonistes perdre l’affrontement, voire la face.
Dans un pays au pouvoir hyper centralisé, seul la VAR (le président de la République dans ce cas) peut siffler la fin de cette guerre. Même si le chef de l’Etat camerounais Paul Biya (il est au pouvoir depuis 1982), âgé aujourd’hui de 91 ans, ne s’exprime quasiment jamais, son ombre plane sur la décision finale. Et c’est lui, ou peut-être plutôt ses proches, qui décideront de l’issue de cette affaire, qui penche à première vue du côté du ministère, recevant le « très haut accord du président de la République » pour le choix de Brys.
Toutefois, ne perdons pas de vue que la Fécafoot est la seule instance habilitée à envoyer aux clubs les fax de convocations des joueurs. Et les échéances de la troisième et quatrième journée des éliminatoires de la Coupe du Mondial de 2026 arrivent à grand pas. Dans ce cadre, le Cameroun reçoit le Cap Vert et se déplace en Angola en juin prochain.
Mais au Cameroun, il ne faut jamais jurer de rien. Marc Brys a été accueilli au pays de Roger Milla ce dimanche 7 avril en grande pompe. Samuel Eto’o prendra-t-il le risque de désigner son sélectionneur dans les prochaines heures? La légende sait toutefois qu’il ne doit pas trop bousculer l’ordre établi sur ses terres, sous peine de représailles.
Puisqu’il y a une autre hypothèse envisageable pour trancher cette bataille : l’entrée en scène du Tribunal arbitral du sport (Tas), de la Confédération africaine de football (Caf) et de la Fifa. Récemment des enquêtes ont en effet été diligentées contre Samuel Eto’o au TAS et à la Caf, après plusieurs accusations des acteurs du football camerounais. C’est ailleurs venant de là, que l’actuel président de la Fécafoot a le plus à craindre.