Le magazine Soofoot raconte la nouvelle vie d’Axel Ngando. C’est au modeste stade des Guilands à Montreuil, zone Paris-Est, que Axel Ngando s’entraîne seul dans l’optique de trouver un nouveau club. Remise pied gauche, remise pied droit, accélération, frappe, but. L’exercice est répété au moins cinq fois, comme tant d’autres pendant plus d’une heure, sous le regard attentif d’un préparateur physique.
D’habitude, le milieu offensif s’entraîne à Rennes, où il vit aujourd’hui avec sa compagne et leurs deux enfants. Cette fois, le natif d’Asnières, né le 13 juillet 1993, s’est offert une virée parisienne pour faire coucou à ses parents, qui habitent toujours la région, tout en s’imposant quand même une séance d’entraînement. Histoire de ne pas perdre le rythme. « Le plus important, là, c’est que mon corps soit prêt pour le jour où je vais retrouver les terrains », glisse l’intéressé entre deux gorgées d’eau. Non, Axel Ngando n’est pas de retour de blessure ou en manque de temps de jeu après des divergences techniques. Il est tout simplement, comme des dizaines d’autres footballeurs professionnels, sans club.
« Quand le mercato se termine et que tu n’as pas de club, c’est un peu dur »
Tout l’été, Axel Ngando a attendu que le téléphone sonne. Plus exactement depuis qu’il est rentré fin mai en France après une saison en Azerbaïdjan, à l’Araz Nakhitchevan. Une année qui ne s’est pas super bien passée chez le champion de D2 azéri 2022-2023, promu dans l’élite, où Axel Ngando a débarqué mi-septembre, après cinq journées de championnat, dans une équipe bâtie en quinze jours.
« Déjà l’été dernier, le mercato avait été compliqué et je n’avais pas eu 56 offres, rejoue-t-il. Je suis arrivé mi-septembre en Azerbaïdjan, il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter. Je suis allé seul là-bas, car mon fils faisait sa première rentrée à l’école, et on ne voulait pas le perturber. Durant la saison, les résultats ont été compliqués, le coach a été viré, ça manquait de stabilité. Tout ça a fait que la saison a été compliquée. »
Débuts prometteurs
Si l’Araz Nakhitchevan se maintient, il est convenu entre les deux parties qu’il n’y aura pas de saison 2. Après deux semaines de vacances, Axel Ngando reprend un rythme de 4 à 5 entraînements par semaine, généralement le matin, avant de se reposer puis de profiter de sa famille en fin d’après-midi. Il se tient prêt.
La carrière d’Axel Ngando n’a jamais véritablement décollé, malgré les débuts prometteurs. Repéré par le PSG et le Stade rennais FC lors de la coupe nationale des benjamins, il intègre les équipes de jeunes du PSG, où il joue durant deux ans, puis décide de rejoindre le centre de formation du Stade rennais car, « le Stade rennais avait plus une image de formateur que le Paris Saint-Germain ».
Il est ensuite approché par la Juventus Turin qui lui propose un contrat de cinq ans, mais repousse la proposition et signe un contrat stagiaire avec le club rennais. Ngando intègre l’équipe réserve du club breton qui évolue en CFA lors de la saison 2010-2011. Il signe son premier contrat professionnel en avril 2012.
Lors de la saison 2012-2013, l’entraîneur de l’équipe première Frédéric Antonetti le fait débuter pour la première fois en Ligue 1, le 2 février, à l’occasion d’un match disputé au Stade du Moustoir face au FC Lorient. Peu performant, il dispute au total quatre rencontres en championnat lors de cette saison.
Lors de la saison 2013-2014, Axel Ngando est prêté par le Stade rennais à l’AJ Auxerre. Après une première partie de saison réussie et prometteuse où il s’affirme comme le joueur clé d’une équipe en forme, il connaît une baisse de régime et une perte d’influence au sein d’une AJ Auxerre à la peine. Il franchit néanmoins un cap avant de revenir dans l’effectif de son club formateur.

Non utilisé lors de la première partie de saison 2014-2015, Axel Ngando est prêté au SCO Angers le 12 janvier 2015, et participe à la montée en Ligue 1 des Angevins. De retour au Stade rennais, il est finalement transféré le 31 août 2015 au SC Bastia, avec lequel il signe un contrat de trois ans.
Le 1er août 2019, après une expérience de deux ans en Turquie au Götzepe SK, Axel Ngando revient en France et plus précisément dans son ancien club de l’AJ Auxerre. Il quitte Auxerre à la fin de son contrat en juin 2021. Libre de tout contrat après deux saisons à Auxerre, le 30 décembre 2021, Axel Ngando signe en faveur du Grenoble Foot. En septembre 2023, Ngando rejoint le club azerbaïdjanais de l’Araz Nakhitechevan pour une saison. Même dans ce modeste club, l’ancien grand espoir du football français joue peu, en cause son faible mental qui l’empêche de vivre la concurrence dans ce milieu de football féroce, où seul le talent ne suffit pas pour réussir.
Or, Axel Ngando est un milieu offensif gaucher, qui peut également évoluer plus bas au poste de relayeur. « Brillant techniquement, doté d’un sens tactique et d’une vision du jeu bien supérieurs à la moyenne », c’est un meneur de jeu qui s’exprime surtout par ses passes, même s’il sait évoluer entre les lignes et éliminer des adversaires grâce à de bonnes capacités de dribble. Il estime ainsi que « [ses] qualités sont la vision du jeu et la technique. » Par contre, il est physiquement faible, dans ce football moderne devenu très viril.
L’heure des regrets
Quand sa carrière professionnelle décollait, il avait été approché par les autorités en charge du football camerounais. En début d’année 2014, en prélude à la Coupe du monde au Brésil, une délégation conduite en France par David N’Hannack Tonyè, membre du comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), était allé essayer de convaincre la bande à Axel Ngando, Jean Christophe Bahebeck, Samuel Umtiti (tous champion du monde junior 2013) et Paul-Georges Ntep de rejoindre les Lions. Dans l’immédiat, après quelques vaines promesses, tous déclinèrent l’offre en demandant un temps interminable de réflexion. Une fois que sa carrière sera sous le déclin, Paul Georges Ntep accepta de jouer pour le Cameroun en 2018 (quatre sélections).
De ces quatre Franco-camerounais, seul Umtiti peut s’enorgueillir d’être champion du monde (Russie 2018). Pour les trois autres, l’échec est lamentable : Jean Christophe Bahebeck, après un revers au Partizan Belgrade (8 matchs, un but en une saison) évolue dans le modeste championnat bolivien, au Club Atlético Palmaflor. Paul-Georges Ntep, après les déboires successifs à Wolfsburg (Allemagne), Saint-Etienne et Guingamp (France), Boavista (Portugal), Kayserispor (Turquie) s’est engagé en 2023 avec le club…vietnamien de Ho Chi Minh City FC. Quant à Axel Ngando, il est au chômage…
Ces trois Franco-camerounais en repoussant à l’éternité leur réflexion pour le choix définitif d’une carrière internationale, ont échoué. Or, avec la surexposition d’une équipe compétitive comme celle du Cameroun, ils seraient aujourd’hui devenus en une décennie les patrons des Lions Indomptables et auraient eu une toute autre carrière en club. Pour Axel Ngando, comme les autres, l’heure des regrets a sonné !