Kévin Mossé a remporté le 18 mai 2025 à Koudougou le championnat national de lutte toutes catégories. Il représentait la région du Centre-Ouest. Il a battu ses adversaires au terme d’un tournoi organisé en marge de la Journée nationale de la lutte traditionnelle.
La lutte est une culture pour moi, une grande passion également. Dès le bas âge, je m’étais dit que je dois être comme Éloi Zerbo, le grand champion de lutte au Burkina Faso.
Kévin Mossé
Depuis 2023, Kévin Mossé participe aux compétitions nationales. Il a obtenu trois médailles d’or et une médaille de bronze lors des éditions précédentes. Il a également remporté une médaille de bronze aux Jeux de la Francophonie de Kinshasa en 2023. En 2024, il a remporté une médaille à la Semaine nationale de la culture. Au total, il cumule huit médailles en deux ans, dont six en or. Il s’est imposé dans différentes catégories de poids avant d’accéder à la catégorie toutes catégories.
Je suis content d’être le champion national. J’ai toujours rêvé de ça et j’ai travaillé dur pour y arriver malgré mon statut d’étudiant et malgré ces multiples difficultés que je rencontre .
Kévin Mossé
Kévin Mossé est étudiant en économie agricole à l’université Norbert Zongo de Koudougou. Il réside dans le quartier Kamsaoghin. Il poursuit ses études parallèlement à sa carrière sportive. Il s’entraîne sur des terrains extérieurs faute d’infrastructures spécialisées. Il n’est affilié à aucun club de lutte. Il n’a pas de coach personnel. Il finance seul ses déplacements pour les compétitions.
Mon rêve, c’est d’obtenir beaucoup de titres sur le plan national, représenter vaillamment mon pays à l’extérieur et ramener également plein de titres.
Kévin Mossé
En effet, pour être un bon lutteur, Kévin Mossé conseille d’être bien accompagné et suivi, aussi bien dans les salles d’entraînement, de musculation et même dans l’alimentation. Mais comme toutes les disciplines sportives au Burkina Faso, les problèmes ne manquent pas. Et le problème commun de toutes ces disciplines, c’est le manque de ressources financières.
Selon lui, la lutte traditionnelle au Burkina Faso ne bénéficie pas d’un encadrement institutionnel structuré. Les fédérations locales ne disposent pas de budget permanent. Il n’existe pas de centre de formation dédié. Les lutteurs évoluent souvent sans appui technique ou médical. Les tournois sont organisés lors d’événements culturels ou de journées nationales. Les prix attribués varient selon les régions. Les athlètes ne reçoivent pas de primes régulières. Les équipements sont souvent fournis par les participants eux-mêmes.
Objectifs à moyen terme
Kévin Mossé prévoit de participer à des compétitions sous-régionales à partir de 2026. Il cherche à intégrer des structures professionnelles en Afrique de l’Ouest. Il s’intéresse aux académies sénégalaises et nigériennes. Par ailleurs, il souhaite poursuivre sa formation universitaire tout en se préparant à un encadrement sportif structuré. Il multiplie les démarches auprès d’organisations sportives et de partenaires privés. …
Kévin Mossé envisage de créer une école de lutte à Koudougou pour former des jeunes lutteurs issus des quartiers périphériques. Il prépare un dossier de projet qu’il compte soumettre aux autorités locales et aux partenaires sportifs. Le projet prévoit l’acquisition d’un terrain, la construction d’une infrastructure d’entraînement, et la mise en place de sessions encadrées. Aucun financement n’est encore disponible.
Nous voulons que nos dirigeants puissent trouver des sponsors qui vont vraiment les accompagner pour la bonne marche de cette discipline comme au Niger où leur réseau social ‘’Airtel’’ a une compétition de lutte chaque année. Au Niger, les gouverneurs lancent également des compétitions chaque année, de même que le chef de l’État. Au Sénégal, c’est pareil, il y a beaucoup de compétitions comme le drapeau du chef de l’Etat .
Kévin Mossé
Ce sacre de Kévin Mossé remet en lumière les conditions de pratique de la lutte traditionnelle au Burkina Faso. La discipline n’est pas encore intégrée aux programmes prioritaires du ministère des Sports. Les athlètes évoluent dans un cadre informel. Les compétitions restent dépendantes des initiatives locales. Aucun championnat professionnel n’est organisé de manière régulière. La lutte reste absente des grands circuits africains auxquels participent d’autres pays de la sous-région.
La lutte nourrit bien son homme à condition que le Burkina Faso traite ses lutteurs comme au Sénégal, au Niger où ils misent des millions, des voitures, des parcelles dans des compétitions de lutte .


