L’équipe fanion du Cameroun, vice-championne d’Afrique de la dernière CAN au Sénégal, a été remplacée par la Grande-Bretagne pour participer au tournoi de qualification olympique de handball féminin. En effet, selon une publication de la Fédération internationale de handball :

Le Cameroun n’a pas respecté la documentation requise pour le visa pour se rendre en Hongrie… suite au règlement pour les concours IHF. Le comité exécutif de l’IHF a décidé d’attribuer la place à la Grande-Bretagne, sans autre modification du calendrier des matchs.

Dans un échange avec Cameroon News Agency, Pauline Youmsi, secrétaire générale de la Fécahand a révélé pourquoi le Cameroun n’a pas pu participer aux éliminatoires des Jeux olympiques de 2024 en Hongrie. Contrairement aux informations selon lesquelles le Cameroun s’est vu refuser des visas, Youmsi a précisé que les visas avaient été retardés.

La première chose est que les visas ne nous ont pas été refusés, mais les visas ont été retardés parce que la Hongrie, qui accueille le concours, n’a pas d’ambassade au Cameroun pour faciliter le processus… Le traitement a été transféré à l’ambassade d’Allemagne. Il a fallu environ six mois pour traiter tous les visas nécessaires.

Même si la Hongrie, la Fécahand et la Fédération internationale de handball sont intervenues pour réduire le temps nécessaire au traitement des visas, les Lionnes de handball n’ont pas pu voyager.

Nous serions arrivés seulement 2 heures avant notre premier match et les organisateurs de la compétition craignaient de payer une sanction d’un million d’euros à une chaîne de télévision qui détenait les droits de streaming, au cas où le Cameroun ne pourrait pas jouer pour des circonstances imprévues », a expliqué Youmsi.
Les organisateurs ont maintenant décidé de remplacer le Cameroun et, selon la loi, le Cameroun devait être remplacé par un autre pays africain, mais aucun pays africain contacté n’a pu se préparer dans un court laps de temps. La Grande-Bretagne a donc dû remplacer le Cameroun .

Pour justifier cette déconvenue, plusieurs sources évoquent un retard dans le traitement par le ministère en charge des Sports du deuxième projet de budget envoyé par la Fédération, le premier ayant été rejeté… Malgré le soutien de la Fédération internationale de handball et du gouvernement hongrois, le Cameroun n’a pas pu jouer son rôle. Ce que réfute Cyrille Tollo, le conseiller du ministre des Sports.

Le ministère des Sports ne s’occupe pas des formalités administratives lorsqu’une équipe doit prendre part à une compétition à l’étranger. Depuis la loi de 2018, le ministère œuvre seulement pour que l’argent (le budget) soit mis à la disposition de la fédération concernée par le ministère des Finances après avis de la Primature et de la présidence de la République », explique-t-il.

Le ministère des Finances procède généralement au virement de l’argent directement dans le compte des fédérations. Ce qui se passe avant cette étape et après cette étape relève de la compétence des fédérations. Les fédérations veulent l’argent de L’Etat. Même pour les visas, comme c’est le cas pour le handball, l’Etat n’a rien à dire. Je constate que quand ça va mal, l’opinion publique ne reconnaît plus les fédérations où pourtant des responsables ont été élus. Elle fait appel à L’Etat », conclut Cyrille Tollo.

Au-delà de la déception sportive, c’est la gestion administrative de la Fécahand qui est ici pointée du doigt. Une chose est sûre : le fait que quatre joueuses de l’équipe nationale de handball ont fondu dans la nature lors du championnat du monde (en 2021 en Espagne) a contribué à ternir l’image de cette fédération.

Cette exclusion du Cameroun est un véritable camouflet pour le handball africain. Elle met en lumière les failles administratives qui minent encore trop souvent le sport sur le continent. Elle rappelle que le talent et les performances ne suffisent pas, et qu’une rigueur sans faille est indispensable à tous les niveaux dans la gestion des compétitions internationales.

Et que même les sports dits mineurs doivent avoir de la considération. Le fait que l’équipe nationale junior du Cameroun n’a pas pu participer au dernier Jeux africains à Accra, faute de moyens financiers, illustre à suffisance que du côté du Minsep on a surtout d’yeux que pour l’équipe fanion de football !