Alors que le premier verdict de la CAF, rendu le 4 juillet 2024, semblait clore un long bras de fer, il a plutôt ouvert un autre front. Certains acteurs du football camerounais, notamment Pierre Ndjili, qui est un instructeur Caf, n’en démordent pas avec Samuel Eto’o. Conséquence, le président de la Fécafoot n’a pas fini avec ses démêlés avec la justice sportive de la Caf. L’affaire l’opposant à certains acteurs du football camerounais avait été renvoyée au 8 janvier 2025 et nous y sommes.
C’est ce mercredi que le jury disciplinaire de la CAF doit statuer pour donner le verdict ou renvoyer à nouveau l’affaire entre Samuel Eto’o et certains acteurs du football camerounais qui avaient porté plainte contre ce dernier pour manipulation des matchs et signature de contrat à titre personnel avec l’entreprise de pari sportif 1XBet.
Le verdict rendu le 4 juillet 2024 déclare le président de la Fécafoot coupable du deuxième motif évoqué. Samuel Eto’o avait été condamné à payer une amende de 200 000 dollars US pour violation des principes d’éthique, d’intégrité et de sportivité. Ses avocats avaient alors dénoncé une «décision surprenante» et annoncé leur intention de faire appel…
Rester impartial
Pour la charge relative aux matchs truqués favorisant Victoria United, le jury de la CAF avait jugé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves ou d’outils d’identification des enregistrements soumis. Néanmoins, la CAF doit encore siégé en Égypte pour étudier le dossier. Avant cette nouvelle assise, Pierre Ndjili, instructeur à la CAF depuis 2009, écrit à la CAF pour la mettre en garde contre les manœuvres de Samuel Eto’o. L’acteur du football camerounais demande au jury d’étudier attentivement le motif et de rester impartial.
Les acteurs du football camerounais, auteurs de l’appel interjeté contre la décision du Jury Disciplinaire de la CAF, estiment que le Jury Disciplinaire n’a pas tenu compte de l’ensemble des éléments de preuves relatives à l’accusation de trucage et de manipulation de match à l’encontre du président de la Fécafoot. Par exemple, le Jury Disciplinaire, bien qu’il ait qualifié de « troublant » le contenu d’une conversation téléphonique authentifiée entre le président de la Fécafoot, M. Samuel Eto’o Fils, et le président du club Victoria United alias Opopo, M. Valentine Nkwain, « qui prête gravement à équivoque », les a jugés insuffisants à « établir confortablement l’existence d’un arrangement » entre les deux personnalités.
Alors qu’au sens du Code Disciplinaire de la FIFA, il n’est pas nécessaire qu’un match soit manipulé pour qu’il y ait violation, il suffit de conspirer en vue de manipuler un match ou une compétition par quelque moyen que ce soit. Or, la conspiration en vue de manipuler les matchs et le championnat d’élite du Cameroun saison 2022-2023 exhale sans fioritures de la conversation datée le 31 décembre 2022 par une analyse experte indépendante entre le président de la Fécafoot, M. Samuel Eto’o Fils, et le président de Victoria United alias Opopo, M. Valentine Nkwain.
D’autre part, les appelants devant le Jury d’Appel estiment que le Jury Disciplinaire, ayant reconnu la culpabilité de M. Samuel Eto’o sur l’accusation de signature de contrat de brand ambassador à titre personnel et contre rémunération avec la société de pari sportif 1Xbet, n’est pas allé au bout des dispositions statutaires relatives aux sanctions. En effet, le Jury Disciplinaire s’est limité à infliger au fautif une sanction pécuniaire de 200 000 dollars US, qui n’est que l’assortiment de la sanction disciplinaire, au regard des dispositions pertinentes du Code Disciplinaire de la CAF et du Code d’Éthique de la FIFA.
Soif de justice et de morale
Au moment où le Jury d’Appel se prépare à se réunir pour exprimer la voix de la justice et de l’exemplarité, des rumeurs nous parviennent, qui font état qu’un certain acteur, impliqué dans cette affaire pendante devant vous, a parcouru l’Afrique à la recherche de soutien pour influencer la décision du Jury d’Appel. Un tel projet, nous en sommes convaincus, n’a aucune chance de prospérer car les femmes et hommes qui composent le Jury d’Appel de la CAF ont été choisis sur des critères qui relèvent leur indépendance, leur objectivité et leur responsabilité.
Quel que soit leur pays d’origine, aujourd’hui, ces femmes et hommes représentent la justice du football en Afrique et portent l’image d’un Continent orienté vers son avenir. Le Jury d’Appel de la CAF se trouve dans une position historique de dire que l’éthique et l’intégrité sont des valeurs cardinales du football africain, qui doivent guider toutes les actions, notamment dans la gouvernance des associations nationales. Le Jury d’Appel doit affirmer aux yeux de l’Afrique qu’aucun acteur ni personnalité, qu’aucun de ses fils, fût-il le plus célèbre ou le plus méritant, ne peut se hisser au-dessus des lois et fouler au pied les règles qui gouvernent notre sport-roi.
Le Jury d’Appel a la responsabilité historique d’établir que la gouvernance du football africain, portée par une CAF en quête de grandeur, a notoirement soif de justice et de morale. Le Jury d’Appel doit exprimer l’obligation de disposer pour le football africain de dirigeants- modèles, exemplaires, respectueux des valeurs et des textes, soucieux de la transparence et au service de l’intérêt général.
Selon les textes de la CAF, le Jury disciplinaire délibère à huis clos. Cependant, le président peut, sur demande, autoriser les observateurs à une audience sur invitation uniquement, mais sa décision à cet égard sera définitive et contraignante.
Par ailleurs, chose curieuse, la Caf a publié ce lundi 6 janvier 2025 différentes images du président de la Fécafoot, Samuel Eto’o. Ces photos retracent l’historique du quadruple Ballon d’or africain avec les Lions Indomptables. Certains parlent d’un hommage, tandis que d’autres le voient déjà comme membre du Comité exécutif de la CAF. Mais, ça c’est une autre histoire…