Longtemps symbole de régularité et de combativité, l’équipe féminine du Cameroun semble aujourd’hui en perte d’identité. Face à une Algérie audacieuse, les Lionnes ont multiplié les initiatives offensives sans jamais trouver la faille. L’unique but encaissé à Douala a suffi pour sceller leur sort, plongeant le public dans la stupeur. L’Algérie, bien en place tactiquement, a joué juste. À l’image de sa buteuse Marine Dafeur, doublement décisive sur la double confrontation, les Fennecs ont prouvé que le football féminin maghrébin gagne en maturité. Cette défaite traduit une crise structurelle. L’équipe peine à se renouveler, les cadres s’effritent et la relève peine à s’imposer. Le jeu collectif s’essouffle, la confiance s’érode et l’encadrement technique semble dépassé par la nouvelle dynamique du football africain.
Pour le Cameroun, l’heure est désormais à l’introspection. Les Lionnes Indomptables devront repenser leur modèle, reconstruire une dynamique de groupe et retrouver cette flamme qui faisait jadis trembler l’Afrique. Car si leur rugissement s’est éteint à Douala, nul doute que le continent attend leur réveil. Par ailleurs, la réaction du sélectionneur des Lionnes Indomptable, Jean-Baptiste Bisseck après le match n’aurait pas plu aux camerounais. Son ton détaché a surpris.
Quel est l’entraîneur qui peut sauter sur les tables avec un sourire parce qu’il a perdu une qualification ? Le travail d’un entraîneur est de faire son palmarès en même temps que ses joueuses, mais l’entraîneur ne joue pas. Maintenant, si vous avez beaucoup d’amitié avec certaines dont vous citez les noms, moi j’ai des jeunes qui n’ont jamais joué, qui rêvent de jouer cette CAN. Moi-même, je n’ai jamais participé à une phase finale d’une CAN, j’aimerais aussi participer. Maintenant, si vous jouez sur l’émotion, l’heure n’est pas ici que je vienne faire l’émotion ici. Je fais mon job, c’est ça que je vous ai dit. Personne ne peut sauter, on a que des regrets mais est-ce que c’est le problème de Jean-Baptiste Bisseck ? Si vous avez la baguette magique, enlevez Jean-Baptiste Bisseck et entraînez puis vous allez voir si ça va donner .
Jean-Baptiste Bisseck
Une posture qui alimente le sentiment d’un management déconnecté des réalités du terrain. Pour une équipe qui n’a plus participé à une phase finale depuis 2022, le besoin de réforme devient urgent.
L’Algérie rejoint la liste des qualifiés
Pendant que les Lionnes doutent, d’autres nations progressent. L’Algérie, en pleine reconstruction, a réussi un parcours exemplaire. Deux victoires face au Cameroun lui offrent une qualification historique pour sa 7ᵉ participation à la CAN féminine. Sous la houlette de Farid Benstiti, les Algériennes ont misé sur la discipline, la rigueur et la solidarité. Leur qualification reflète la montée en puissance d’un football féminin désormais plus équilibré, où chaque nation peut prétendre au sommet. La phase finale de la CAN féminine 2026, qui se tiendra au Maroc, s’annonce déjà comme une édition charnière. Le Ghana, le Nigeria, le Burkina Faso, la Tanzanie, le Malawi et la Zambie ont également validé leur billet. Des équipes ambitieuses, structurées et en constante évolution.
Le Ghana, par exemple, a surclassé l’Égypte avec un score cumulé de 7-0, confirmant son statut de favori. Le Burkina Faso, solide face au Togo, a démontré les fruits de sa progression. Quant au Nigeria, champion en titre, il conserve sa position dominante malgré une concurrence de plus en plus forte. Pour les Lionnes, cette élimination doit servir d’électrochoc. Le Cameroun doit repenser son modèle, miser sur la formation, et restaurer la cohésion entre les générations. Les talents existent, mais le projet collectif reste flou. Le Cameroun a perdu un match, mais peut encore regagner son identité. À condition de se réinventer avant que le rugissement des nouvelles reines d’Afrique ne couvre définitivement le sien.


